Les noms des jeunes musiciens composant ce sextette ne vous diront probablement pas grand-chose même s’ils ne sont pas tout à fait inconnus des amateurs de la scène jazz belge. Le batteur Lieven Venken a en effet participé à des enregistrements en trio avec le saxophoniste américain Jonathan Moritz (Xanadu), le pianiste Michel Bisceglia (The Night And The Music) et Jef Neve (Blue Saga). Quant aux autres, ce sont tous des membres du fameux Brussels Jazz Orchestra. Au sein de High Voltage, ils ont mis leur talent au service d’un Post-Bop qui évoque l’esprit des sessions les plus classiques du label Blue Note : on pense par exemple à Jay Jay Johnson, Blue Mitchell, Lee Morgan, voire aux Jazz Messengers. Evidemment, on nage un peu dans le formalisme et on a parfois l’impression de faire une excursion dans le passé en écoutant des standards interprétés avec beaucoup de fougue et de bonne humeur. Pourtant, les neuf titres sont tous des nouvelles compositions. Orchestrés avec un soin méticuleux, les morceaux s’organisent autour des trois souffleurs : trompette, saxophone ténor et trombone bien que le pianiste Bart Van Caenegem sait aussi à l’occasion imposer son chant : son improvisation sur Diem Ha qui n’est pas sans rappeler le grand McCoy Tyner est un beau moment de modernité et fait regretter que le morceau ne soit pas plus long. Une vraie complicité entre les musiciens se dévoile à l’écoute de ces échanges et c’est sans doute là que réside toute la beauté de ce disque : dans la connivence entre ces six musiciens qui rebondissent les uns sur les autres comme sur un trampoline. Ici et là, des espaces plus larges sont réservés aux solistes : la trompette de Nico Schepers s’envole sur The Queen Of Patonia, Lode Mertens et son trombone procurent quelques frissons sur Waiting tandis que le saxophoniste Dieter Limbourg, principal compositeur avec cinq plages sur neuf à son actif, sculpte quelques belles phrases virevoltantes sur son Fitzrovia. Ce premier disque séduira tous les amateurs de jazz Bop classique joué avec swing et fraîcheur. Pour le prochain, on sera en droit d’exiger un peu plus d’intrépidité mais aujourd’hui, on se contentera largement de prendre son plaisir là où il se trouve.
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