Il y en a qui n'apprécient pas les orchestres de jazz avec cordes. Personne ne les en blâmera. Les Chet Baker et autres Phineas Newborn "with strings" ne constituent certainement pas les plus beaux fleurons de leur discographie. Pourtant, essayez de prêter une oreille au dernier album de Castellucci. Cette fois, le quatuor à cordes emmené par Gudrun Vercampt ne se superpose pas au quartet mais s'y intègre si bien que l'on a difficile à imaginer ces 9 titres sans sa présence. De Time Is Now à Towards The Light (deux excellentes compositions de Erwin Vann à qui l'on doit aussi le très beau Children of 10 000 Years sur l'album Wanderlust de Paolo Fresu), le Stringtet swingue bel et bien, emmené par une rythmique caressante ou vigoureuse, toujours complice, qui sait comment calmer le jeu ou faire monter le thermomètre. Cette expérience dans la recherche de nouvelles couleurs orchestrales apparaît comme parfaitement maîtrisée. Avec des solistes de la classe d'Erwin Vann et d'Eric Legnini, elle flèche une nouvelle catégorie de jazz qui, pour l'instant, n'appartient qu'à elle. Au total, voilà donc un disque avec cordes bien attrayant. Eh oui, ainsi vit le jazz, paradoxal, plein de contradictions, imprévisible et sans complexe. Heureusement d'ailleurs, parce tant qu'il en est ainsi, il enfantera la surprise et c'est aussi pour cela qu'on l'aime.
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