Toutes les compositions sont de Marco Locurcio |
Marco Locurcio n’est pas qu’un bon guitariste, il a aussi des idées. Le premier titre, Music Is Love, démarre sur une mélodie ultra simple jouée au sax sur fonds de Fender Rhodes mais qui installe un climat majestueux et presque planant avec ces cordes et ces drôles de percussions en décalage. De cet espace sonore subtilement agencé et peuplé de murmures surgit périodiquement la guitare électrique du leader qui s’envole en de captivantes montées en puissance. Un départ sur les chapeaux de roue qu’on a immédiatement envie de réentendre. Le second titre, Too Much Sugar, est plus sage et met davantage en exergue les qualités de soliste du guitariste et celles déjà bien connues du saxophoniste Jeroen van Herzeele parfaitement à l’aise dans ce genre de musique qui n’est pas étrangère à celle de ses propres groupes comme Ode For Joe ou Greetings From Mercury. Et ça repart avec Panico, ses percussions et ses étranges soli de guitare et de sax qui évoquent un mélange de free-jazz, de mélodies orientales et d’autres couleurs exotiques non identifiables. On se repose ensuite avec Before, méditatif à souhait avec sa partie de violoncelle, qui n’est qu’une introduction pour The End, remarquable composition aérée toute en finesse et en suspension. Et on entre dans Jama, une suite en quatre mouvements qui donne son nom au disque. Un riff de guitare à la Dire Straits et c’est parti entre rock et jazz avec une section rythmique de choc toute entière dévouée à propulser les solistes. Le reste se joue en tempo médium, la musique coulant des mains expertes des musiciens comme la lumière du soleil.
La tendance générale est une sorte de jazz-rock ou rock-jazz (appelez-ça comme vous voudrez car on reste la plupart du temps à la frange de l'un ou l'autre genre). Les textures électroacoustiques sont particulièrement soignées sans parler des brillantes interventions des solistes au piano, au sax et à la guitare. Marco Locurcio fut un jour l’élève de Peter Hertmans et la filiation reste perceptible. On pense donc inéluctablement à John Abercrombie, à Gateway ou à certains disques de Peter Erskine et même dans une moindre mesure à John Scofield. Mais pas l'ombre d'une critique ici car, si les références sont utiles pour décrire la musique, on se dit aussi et surtout que Locurcio a conçu un disque cohérent, sans cliché ni prétention, et probablement très proche de ce qu’il aime vraiment jouer. En conclusion, Jama est un disque emballant et bien emballé dans un digipack léger d’une conception simple mais originale (Il éjecte le cédé quand on le déplie). Certes, la pochette est blanche et donc salissante mais ce n’est pas grave : elle ne risque pas d’accumuler la poussière sur votre étagère. |
A écouter en priorité :
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Discographie de Marco Locurcio
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