Si vous avez aimé ce disque :

Ecoutez aussi :


Une sélection d'autres compacts enregistrés par Thelonious Monk, sous son propre nom
ou comme sideman, de 1947 à la fin des années 60.




Les sélections retenues sont réparties en quatre périodes en fonction des labels qui l'ont successivement hébergé : Blue Note : de 1947 à 1952, Prestige : de 1952 à 1954, Riverside : de 1955 à 1961 et Columbia : de 1962 à 1968.

La période Blue Note est celle couverte par le "Best of the Blue Note Years". En 5 années et 7 sessions, Monk enregistre pour la compagnie de Alfred Lion 33 morceaux dont 23 compositions originales parmi lesquelles on compte quelques classiques : Ruby my dear, Straight no chaser, Well you needn't ou 'Round midnight. Et tout est déjà là : complexité, invention mélodique, silences, dissonances…. Monk, âgé de 30 ans en 1947, s'impose immédiatement comme l'architecte d'une œuvre profondément originale qui n'est bien sûr pas appréciée à sa juste valeur lors de la sortie de ses premiers albums. Mais Monk, avec la plus grande conviction jamais montrée par un musicien de jazz, continuera placidement à imposer sa vision géniale et ce jusqu'à son dernier disque. Maître du temps et de l'espace, il est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands compositeurs du vingtième siècle. Les accompagnateurs de ces premières années varient en fonction des sessions: Idrees Sulieman (tp), Gene Ramey (b), Danny Quebec (as), qui est le neveu de Ike, mentor de Thelonious chez Blue Note, Milt Jackson (vib), Kenny Dorham (tp), …. Et le grand batteur Art Blakey. Les trois CD suivants reprennent l'essentiel des enregistrements de cette période. Evidemment, ils font largement double emploi avec la compilation " Best of " mais ils sont vraiment trop bons pour ne pas être repris ici.



  • Thelonious Monk : Genius of Modern Music - Volume 1 (Blue Note), sessions du 15 octobre, 24 octobre et 21 novembre 1947. Soit 14 titres plus 7 prises alternatives. A noter que 8 morceaux sur les 14 figurent sur la compilation " Best Of "
  • Thelonious Monk : Genius of Modern Music - Volume 2 (Blue Note), sessions du 23 juillet 1951 et du 30 mai 1952. Soit 6 prises alternatives plus 12 morceaux dont 5 figurent sur le " Best Of "
  • Milt Jackson and the Thelonious Monk Quintet (Blue Note). Le CD reprend 9 titres d'une session, sans Monk, enregistrée le 7 avril 1952 avec Milt Jackson (vib), Lou Donaldson (as), Percy Heath (b), Kenny Clarke (drs) et John Lewis au piano. Les 8 morceaux suivants, dont quatre sont repris sur le " Best Of ", proviennent de la session du 2 juillet 1948 avec Monk, Jackson, John Simmons (b), et Shadow Wilson (drs)

En 1952, Monk passe chez Prestige, la compagnie de Bob Weinstock, chez qui il enregistrera en deux années 5 séances en leader et deux en tant que sideman pour Miles Davis et Sonny Rollins. Merveilleux disques partagés entre compositions originales (Little rootie Tootie, Bemsha swing, Monk's Dream, Hackensack …) et standards comme These foolish things, Smoke gets in your eyes et Just a gigolo. Son titre préféré, c'est Blue Monk, un blues en trio au riff très simple qui fait mouche, avec un solo intelligent de batterie par Blackey juste avant la reprise du thème, et que le compositeur rejouera souvent par la suite. Art Blakey est toujours là sur la plupart des titres, Frank Foster ou Sonny Rollins au ténor, Curley Russell ou Percy Heath à la basse. Quant au son, avec Rudy Van Gelder aux commandes, il est plus clair et nettement mieux balancé que celui des enregistrements Blue Note. Ces disques, tous aujourd'hui réédités en CD, comptent parmi les indispensables dans l'abondante discographie du pianiste.



  • Thelonius Monk : Thelonious Monk Trio / Blue Monk volume 2 (deux disques Prestige LP 7027 et 7848 réédités sur un seul compact chez Ace Records CDJZD 009), 1952 - 1954
  • Miles Davis and the Modern jazz Giants (disque Prestige LP 7150 / OJCCD 347-2), 3 titres de la session du 24 décembre 1954 avec Jackson, Monk, Percy Heath et Kenny Clarke (drs). Plus la fameuse seconde prise de The Man I Love (take 2) sur laquelle Monk s'arrête soudainement de jouer derrière Miles, créant ainsi un vide étrange resté célèbre dans l'histoire du jazz.
  • Miles Davis and the Modern Jazz Giants : Bag's Groove (Prestige LP 7109 / Fantasy), 1954. Pour les deux prises du blues magnifique, enregistré pendant la même session que celle du compact précédent, et qui donne son nom à cet album. C'est Horace Silver qui est au piano sur les 5 autres morceaux du disque.
  • Sonny Rollins : Moving Out (Prestige LP 7058 - OJCCD 058-2). Comprend le titre More than you know enregistré avec Monk le 25 octobre 1954. Les autres morceaux, qui datent du 18 août 1954, permettent d'entendre le pianiste Elmo Hope, dont l'art également original est toutefois fortement inspiré de Bud Powel, mais que l'on pourra aussi comparer avec celui de Monk auquel il vouait une totale vénération.

Fin 1954, Monk, dont les rapports avec Bob Weinstock se dégradent pour des questions financières, manifeste le désir de quitter Prestige. Il se retrouve ainsi au début de 1995 sur le jeune label Riverside de Orrin Keepnews qui, prudent devant l'incompréhension manifeste du public, lui fait enregistrer deux albums de reprises dont un consacré à l'œuvre d'Ellington. Ensuite, c'est l'ascension vers la gloire. Quand il quittera Riverside en 1961, Monk sera devenu une référence inévitable, une valeur marchande certaine et susceptible, comme Miles Davis, d'intéresser une compagnie majeure comme Columbia.



  • Thelonious Monk Plays Duke Ellington (Riverside RLP 201 / OJCCD 024-2), 21 et 27 juillet 1955. En compagnie d'Oscar Pettiford (b) et Kenny Clarke (drs), Monk paie son tribut à l'œuvre du Duke et, comme McCoy Tyner et d'autres après lui, il le fait sagement, respectueusement, mais sans pouvoir s'empêcher quand même d'y ajouter le sel de sa modernité. Un grand disque.
  • Thelonious Monk : Brilliant Corners (Riverside RLP 226 / OJCCD 026-2), décembre 1956. Son troisième album pour Riverside, avec Sonny Rollins, Ernie Henry (as), Pettiford et Max Roach, le replonge dans l'univers des créateurs. L'entente avec Rollins est loin d'être parfaite mais qui pourrait s'entendre avec Monk quand il s'amuse à tout remettre en question et jette dans le studio des grilles d'accords dont il est encore le seul à comprendre l'intrinsèque beauté.
  • Thelonious Himself (Solo Piano by Thelonious Monk) (Riverside - OJCCD 254-2), 12 et 16 avril 1957. Le premier vrai disque en solo de Monk, si l'on excepte celui réalisé à son insu à partir d'une émission de radio enregistrée à Paris en 1954 sur un piano à la résonance douteuse. Le compact offre en prime un neuvième titre avec Coltrane et Wilbur Ware (b) : Monk's Mood.
  • Thelonious Monk Septet : Monk's Music (Riverside RLP 242 / OJCCD 084-2), 26 juin 1957. Le résultat de la très brève aventure de Monk avec Coltrane. Le saxophoniste ténor s'engouffre littéralement dans l'œuvre du pianiste qui, l'air de rien, lui sert de guide dans l'exploration de son univers intérieur. Ainsi s'accomplit la contribution de Monk à l'éveil d'un nouveau géant.
  • Thelonious Monk With John Coltrane (Jazzland / Riverside JLP 946 / OJCCD 039-2), 1957 - 1958. Une nouvelle prise d'Epistrophy datant de la session du 26 juin 1957 et Off Minor qui fait double emploi avec le compact précédent plus un titre joué par Monk en solo. Et 3 nouveaux morceaux avec Coltrane : Ruby My Dear, Trinkle Tinkle, et Nutty, pour prolonger encore un peu la magie de cette trop courte histoire.
  • Thelonious Monk : 5 by Monk by 5 (Riverside 1150 / OJCCD 362-2), 1 et 2 juin 1959. Avec Thad Jones (cornet), Charlie Rouse (ts), Sam Jones et Art Taylor (drs). Le dernier disque pour le label Riverside.

Le contrat avec Riverside expire en 1961. Entre-temps, Monk, à l'âge de 45 ans, est devenu un musicien reconnu à sa juste valeur et qui se vend. Le passage chez Columbia se fait donc tout naturellement. Là, Monk a le temps de peaufiner ses œuvres en studio. Paradoxalement, il compose moins et joue dans la continuité. C'est le temps de la maturité, voire du repli sur soi. Il revisite ses thèmes et essaie toutes les combinaisons du piano solo au grand orchestre. C'est le temps aussi des tournées américaines et européennes, japonaise et australienne, et des disques enregistrés en direct ici et là. Et le 28 février 1964, chacun peut admirer son portrait à la une de Time Magazine. Mais la gloire est éphémère. En 1968, la musique se transforme, devient électrique et la pop music envahit tout. Miles lui-même se met à l'électricité et engage des jeunes loups comme Hancock ou Corea. Monk lui ne sait jouer que du Monk. Il quitte Columbia en 1968. Quelques années plus tard, il commencera à s'enfoncer inexorablement et sans espoir de retour dans ce silence qu'il a exploré toute sa vie.



  • Thelonious Monk : Monk's Dream (CBS), octobre et novembre 1962. Le premier disque pour Columbia avec Frankie Dunlop (drs), John Ore (b) et Charlie Rouse (sax ténor), le saxophoniste fétiche de sa dernière période qui fut, à tord, considéré par beaucoup de spécialistes comme une simple extension monkienne.
  • Thelonious Monk : Criss Cross (CBS), le second opus édité sur Columbia, enregistré en plusieurs sessions de novembre 1962 à mars 1963, avec la même équipe.
  • Thelonious Monk : It's Monk's Time (CBS), janvier à mars 1964. L'album de la gloire. Le temps de Monk. Avec Rouse, Butch Warren (b) et un nouveau batteur nommé Ben Riley qui sut communiquer à Monk et à son groupe une énergie nouvelle et suffisante pour hisser cet album à un niveau supérieur.

les coffrets de Thelonious :


Destinés aux complétistes et aux collectionneurs ou à tout ceux qui n'ont pas le courage de rechercher les disques simples originaux, voici quatre coffrets dédiés chacun à une des quatre maisons de disques qui ont hébergé le pianiste.



  • The Complete Blue Note Recordings (Blue Note). Ce coffret (conçu à l’origine par le label Mosaic) reprend toutes les faces réalisées par Thelonious Monk au cours des six sessions Blue Note qui s’étalent d’octobre 1947 jusqu’en 1952 plus deux titres avec Sonny Rollins en 1957 et cinq autres en concert avec John Coltrane (mal) enregistrés au Five Spot à l’été 1958. On y entendra les premières versions originales des grands titres de Monk (Ruby My Dear, Off Minor, Well You Needn't, 'Round Midnight, Straight No Chaser, Criss Cross …) en plus d’une quinzaine de prises alternatives, soit 54 plages au total réparties sur 4 CD sur lesquels on retrouvera aussi les musiciens habituels de l’écurie Blue Note : Kenny Dorham (tp), Art Blakey (dr), Max Roach (dr), Paul Chambers (b) Milt Jackson (vib), Lucky Thompson (ts), J.J. Johnson (tb) ou Lou Donaldson (as). Les bandes du Five Spot, qui furent paraît-il enregistrées sur un antique appareil non professionnel par la femme de John Coltrane (Naima), ont été retravaillées pour en éliminer les défauts (vitesse) sans pour autant en améliorer beaucoup la qualité sonore. Heureusement, la performance gravée ce jour là est incandescente.
  • The Complete Prestige Recordings (Prestige). L’intégrale en 3 CD des sept sessions enregistrées pour Prestige entre octobre 1952 et l’hiver 1954. Restituées pour la première fois dans un ordre chronologique, ces plages constituent un témoignage unique de l’art si particulier du grand pianiste. On trouvera sur ces disques des titres avec Monk en trio et en quintet ou au piano derrière les leaders Sonny Rollins et Miles Davis en plus de quatre titres historiques gravés en 1944 par le Quartet de Coleman Hawkins : c’était la première fois que Monk était enregistré en sideman mais il fit déjà, semble-t-il, une forte impression sur le fondateur de Prestige, Bob Weinstock.
  • The Complete Riverside Recordings (Riverside). Un coffret comprenant 15 CD et un livret de 28 pages au format LP fort bien documenté et riche en photographies pour retracer l’oeuvre essentielle de Monk sur le label d’Orrin Keepnews, depuis l’hommage à Duke Ellington en 1955 en passant par la période Rollins jusqu’aux enregistrements live dont le dernier se situe en 1961. L’ordre chronologique de ces faces, qui comptent parmi les plus créatives du pianiste, est respecté, replaçant ainsi les sessions, jusqu’ici éditées de façon plutôt anarchique, dans un contexte évolutif. Dommage que la remastérisation, qui date déjà d’une vingtaine d’années, ne soit pas à la hauteur du contenu musical : inutile de préciser qu’on a fait mieux depuis dans le dépoussiérage de faces illustres.
  • The Columbia Years: '62-'68 (CBS / Sony). Ce coffret de trois disques n’est pas une intégrale mais une compilation, produite par Orrin Keepnews, de 32 titres sélectionnés parmi ceux que Monk a enregistrés pour le label CBS dans les années 60. Monk joue en solo, en trio, en quartet ou avec un grand orchestre, en studio ou en concert, et revisite son répertoire maintenant bien établi. Malheureusement, le choix des titres est discutable et, si les collectionneurs seront attirés par quelques restaurations et version inédites, les autres regretteront que des plages plus indispensables n’y figurent pas. L’intégrale de Thelonious Monk chez Columbia reste donc encore à faire, ce qui n’empêche pas que ce coffret à la production irréprochable reste un objet fort recommandable pour appréhender l’essentiel de la période Columbia.

"Une théorie favorite de Monk était que
tous les musiciens de Jazz sont inconsciemment des mathématiciens.
Ceux qui ont étudié ses compositions
les ont trouvées parfaitement structurées."


Randy Weston



Pour les amateurs de Thelonious Monk, outre Elmo Hope dont la manière de composer et de jouer est influencée aussi bien par Bud Powell que par Monk, il est également conseillé d'écouter l'oeuvre du pianiste Herbie Nichols qui vient de faire l'objet d'une réédition chez Blue Note sous la forme d'un coffret de 3 compacts. De la même génération que Monk, Nichols montre avec son aîné de 15 mois plusieurs analogies : il est également un compositeur prolifique ; son oeuvre possède une cohésion et une singularité au niveau du tempo et de la mélodie telles qu'elles le rendent immédiatement reconnaissable ; et il confie un rôle essentiel à la batterie jouée par Art Blakey ou Max Roach. Ceci dit, la comparaison s'arrête là. Herbie Nichols a son style propre entre le be-bop et le piano moderne. Incompris de ses concitoyens, Nichols décédera d'une leucémie le 12 avril 1963, à l'âge de 44 ans, sans avoir pu imposer sa musique. Chaînon important de la grande lignée des pianistes de jazz, Nichols nous a légué en une trentaine de titres (plus quelques aternate takes et une session sur le label Bethlehem) une expression unique, à la limite de l'étrange, avec laquelle les historiens du jazz ne pouvaient manquer d'avoir un jour rendez-vous.



  • Elmo Hope : Trio and Quintet (Blue Note), 1953 - 1957. Une collection des premières sessions enregistrées dans différents formats par Elmo Hope (p) pour le label Blue Note. La plupart des plages sont des compositions du pianiste dont les structures évoquent le style particulier de Monk. Sinon, l'influence bop de Bud Powell est omnisprésente tandis que le support fourni par des pointures comme Art Blakey, Percy Heath, Philly Joe Jones ou Frank Foster procurent à cette musique complexe un côté jouissif irrésistible.
  • Herbie Nichols : The Complete Blue Note Recordings (Blue Note - coffret de 3 CD avec livret), 1955 - 1956. Herbie Nichols (p), Al McKibbon ou Teddy Kotick (b), Art Blakey ou Max Roach (drs).
  • Herbie Nichols : Love, Gloom, Cash, Love (Bethlehem), 1957. Herbie Nichols (p), George Duvivier (b), Danny Richmond (drs).



A lire :

  • Buin Yves, Thelonious Monk, P.O.L., Paris, 1988.
  • de Wilde Laurent, Monk, Gallimard, Paris, 1996.
  • Ponzio Jacques et Postif François, Blue Monk, Actes Sud, Arles, 1995.
  • Spellman A. B., Four lives in the Bebop business (Ornette Coleman, Jackie McLean, Herbie Nichols, Cecil Taylor), Pantheon Books, New York, 1966.


"Le saxophoniste Wayne Shorter disait très justement
que, lorsqu'on écoute un disque chez soi, celui-ci meuble la pièce
et occupe l'espace aussi sûrement que du papier peint.
On pourrait ajouter que quand on met un disque de Monk
c'est le temps aussi qui s'arrête et se reforme sous ses doigts."


Laurent de Wilde in Monk, 1996



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