Rock progressiste : les Nouveautés 2018 (Sélection)



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Gleb Kolyadin (Kscope), Russie, 23 février 2018
Gleb Kolyadin
1. Insight (4:11) - 2. Astral Architecture (6:29) - 3. White Dawn (2:30) - 4. Kaleidoscope (5:50) - 5. Eidolon (2:10) - 6. Into The Void (1:44) - 7. The Room (4:13) - 8. Сonfluence (10:23) - 9. Constellation / The Bell (3:16) - 10. Echo / Sigh / Strand (2:25) - 11. Penrose Stairs (5:01) - 12. Storyteller (3:19) - 13. The Best Of Days (3:23)

Gleb Kolyadin (piano, claviers); Nick Beggs (basse); Gavin Harrison (drums); Theo Travis (saxophone, flûte); Vlad Avy (guitares); Evan Carson (bodhran, percussions); Grigori Osipov (vibraphone, marimba, glockenspiel); Jordan Rudess (claviers); Mick Moss (chant); Steve Hogarth (chant); Tatiana Dubovaya (chant); Iliia Diakov (violon); Alexander Peresypkin (violoncelle); Grigory Voskoboynik (contrebasse); Svetlana Shumkova (hang drum)


Gleb Kolyadin (LP)Splendide premier album en solo du pianiste russe Gleb Kolyadin, moitié masculine du duo Iamthemorning, qui affirme d'emblée son autorité en même temps que son identité. Toutefois, même si l'approche est très personnelle et si l'on sent bien que Kolyadin, qui ne manque pas d'imagination, a d'abord suivi sa propre voie, on ne peut s'empêcher d'entendre quelques références à Keith Emerson, mais aussi, entre autres, à Stravinski, Keith Jarrett ou même Brian Eno. C'est dire aussi que le claviériste ratisse large, de la musique classique à l'ambient en passant par le jazz et le rock sophistiqué, symphonique et baroque issu des 70's.

Sagement, Kolyadin qui n'est pas chanteur n'a pas été tenté de prendre le micro et a préféré déléguer les parties chantées à des professionnels. En plus de Tatiana Dubovaya, le choix s'est porté pour un titre (le splendide Astral Architecture) sur Mick Moss (Antimmater) qui rehausse la composition de sa voix profonde et, pour deux autres (Confluence et la très belle ballade The Best Of Days) sur le chanteur de Marillion, Steve Hogarth, dont la voix si caractéristique est toujours expressive et pleine d'émotion. Ce ne sont pas les seuls invités puisque la rythmique a été confiée au bassiste Nick Beggs (Steven Wilson, The Mute Gods) et au batteur Gavin Harrison (Porcupine Tree, Pineapple Thief) sans oublier Evan Carson, le talentueux percussionniste de IAM. Le claviériste Jordan Rudess de Dream Theater fait une apparition sur Storyteller avec un solo de synthé mémorable : du coup, on se rapproche davantage du style flamboyant d'Emerson Lake et Palmer qui est également émulé sur Insight et sur Kaleidoscope. Enfin, Théo Travis (The Tangent, Soft Machine et Steven Wilson) impressionne toujours autant avec ses fabuleuses interventions au saxophone (Insight) et à la flûte (Kaleidoscope).

Le répertoire mêlant morceaux romantiques et titres enlevés s'écoute d'une seule traite sans aucun ennui d'autant plus que les arrangements qui incluent de multiples autres instruments (vibraphone, violon, violoncelle, percussions diverses…) sont riches et soyeux. Quant à Gleb Kolyadin, son toucher et sa sensibilité sont hors-normes en plus d'avoir cette magie de pouvoir tout jouer avec une déconcertante facilité. En un seul album, Gleb Kolyadin s’est tout simplement imposé comme un magicien du son et l’un des plus grands compositeurs et claviéristes prog du moment. A placer sur la même glorieuse étagère que les inoubliables Fragile, Ashes Are Burning, Tarkus et autres Trilogy. [5/5]

[ Kolyadin Gleb (CD / Vinyle / Digital) ] [ Gleb Kolyadin sur Bandcamp ]
[ A écouter : The Best Of Days (feat. Steve Hogarth) - Gleb Kolyadin (full album) ]

Roine Stolt's The Flower King : Manifesto Of An Alchemist (InsideOut) Suède, 23 novembre 2018
Manifesto Of An Alchemist
1. Rainsong (1:28) - 2. Lost America (9:50) - 3. Ze Pawns (8:27) - 4. High Road (12:32) - 5. Rio Grande (7:50) - 6. Next To A Hurricane (4:25) - 7. The Alchemist (6:58) - 8. Baby Angels (3:49) - 9. Six Thirty Wake-Up (4:17) - 10. The Spell Of Money (9:49)

Roine Stolt (chant, guitares él. & ac., claviers, synthés, basse sur 4-6, ukulele, drums sur 8, compositeur) + Invités : Hans "Hasse" Fröberg (chant sur 3,4,6,10); Nad Sylvan (chant sur 6); Max Lorentz (chant sur 1 & 2, orgue Hammond B3 sur 2 & 9); Zach Kamins (orgue, Moog & Mellotron sur 5); Rob Townsend (sax soprano sur 7, flûte sur 9); Michael Stolt (basse sur 3,8 & 9, chant sur 2 & 3); Jonas Reingold (basse sur 2,7,10); Marco Minnemann (drums)


Manifesto Of An Alcemist (CD)Roine Stolt (The Flower Kings, Transatlantic, Agents of Mercy, Kaipa, The Sea Within, Anderson-Stolt), décidément très actif cette année, a sorti le 23 novembre InsideOut un nouvel album en solo intitulé Manifesto Of An Alchemist. Le répertoire qui dure près de 70 minutes comprend 10 nouvelles compositions, certaines ayant été partiellement écrites il y a longtemps avant la parution du premier album des Flower Kings (1995). Roine Stolt y est le chanteur principal en plus bien sûr de jouer de la guitare et est accompagné par une foule d’invités dont Jonas Reingold, Hans Froberg, Marco Minnemann, Rob Townsend et Nad Sylvan.

Depuis Fantasia en 1979 jusqu’à Wall Street Voodoo en 2005, Stolt a déjà sorti 7 disques sous son nom avant celui-ci, le meilleur restant à ce jour le prestigieux The Flower King (au singulier) qui en 1994 eut un grand rayonnement et participa largement au renouveau du rock progressif. C'est d'ailleurs sans doute pour faire référence à ce succès que cette dernière production sort sous le nom de "Roine Stolt's The Flower King".

La pochette de Manifesto Of An Alchemist a été réalisée par Shakoor Bukhuth alias Shaun Beyond qui s'est fait connaître en remportant récemment un concours de graphisme organisé par le groupe Haken à l'occasion de la sortie en vinyle de Vector.

Quant à la musique, elle n'est pas fondamentalement très différente de ce que Stolt a l'habitude de produire au sein de son groupe The Flower Kings. On retrouve en effet ici le même genre de prog symphonique éclectique incluant de splendides envolées de guitare, des harmonies vocales élaborées et des changements de rythmes en cascade. Même la basse experte et volubile de Jonas Reingold, bien mixée en avant, rappelle le groupe suédois. Seule une plus grande propension à intégrer une musique plus mélodique inspirée par des groupes classiques comme les Beatles ou Pink Floyd donne à ce disque un cachet particulier. Sinon, les fans des Flower Kings apprécieront cet album généreux à la fois spontané et inspiré même si, dans l'ensemble, il n'offre guère de grande surprise par rapport à ce que Roine Stolt, musicien aujourd'hui âgé de 62 ans, a déjà produit au cours de sa longue et fructueuse carrière. [4/5]

[ Manifesto of an Alchemist (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Lost America - High Road ]

All Traps on Earth : A Drop of Light (AMS Records), Suède, 16 novembre 2018
All Traps on Earth : A Drop of Light
1. All Traps on Earth (18:17) - 2. Magmatic Warning (16:10) - 3. Omen (13:00) - 4. First Step (2:04) - 5. Bortglomda Gardar (14:01)

Miranda Brand (Chant); Johan Brand (mellotron, Moog, orgue, Fender Rhodes, clavinet, basses, guitare, percussions, chant); Thomas Johnson (grand piano, Fender Rhodes, Wurlitzer, clavinet, orgue, mellotron, Moog); Erik Hammarstrom (drums, vibraphone, marimba, xylophone, percussions) + invités.


Ceux qui qui auront le courage de plonger dans ce maelstrom musical feront tout de suite le lien avec un groupe scandinave célèbre : Anglagard. Normal puisque All Traps on Earth a été fondé par Johan Brand, bassiste et membre fondateur de ce groupe, avec l’aide de quelques-uns de ses anciens complices (le claviériste Thomas Johnson et le batteur Erik Hammarström) plus sa sœur Miranda Brand au chant. Contemplatif, mélodique, puissant, intense, chaotique et parfois inquiétant, on sent bien qu’il y a quelque chose qui vit dans les replis de cet étrange répertoire sur laquelle plane les esprits malins des forêts nordiques. Impression encore renforcée par la pochette sombre de Santiago Caruso qui évoque la frontière poreuse entre les mondes visible et invisible où vivent des dieux celtiques aujourd'hui oubliés.

Si vous avez apprécié les albums d’Anglagard, ce disque n’en est pas trop éloigné bien que les passages pastoraux y soient moins nombreux, remplacés par des incursions jazzy et avant-gardistes. Le résultat n’est pas toujours très accessible mais n’en contient pas moins des passages splendides disséminés dans un rock symphonique éclectique, rafraîchissant et, pour une fois, réellement progressiste. A Drop of Light est une production insolite et passionnante ! [5/5]

[ Drop of Light (CD / Vinyle / Digital ]
[ A écouter : All Traps on Earth ]

Glass Hammer : Chronomonaut (Arion Records/Audio Resources) USA, 12 octobre 2018.
Chronomonaut
1. The Land Of Lost Content (1:54) - 2. Roll For Initiative (7:43) - 3. Twilight Of The Godz (8:13) - 4. The Past Is Past (9:56) - 5. 1980 Something (5:51) - 6. A Hole In The Sky (4:49) - 7. Clockwork (2:17) - 8. Melancholy Holiday (4:27) - 9. It Always Burns Sideways (5:49) - 10. Blinding Light (6:01) - 11. Tangerine Meme (3:05) - 12. Fade Away (10:27)

Steve Babb (basse, guitare, claviers, chant); Fred Schendel (claviers, guitare, chant); Aaron Raulston (drums); Susie Bogdanowicz (chant); Matthew Parmenter (chant); Patton Locke (chant) + Invités


Chronometree (Réédition) / ChronomonautS'il y a un groupe américain qui mériterait une audience beaucoup plus large, c'est bien Glass Hammer qui, en dépit de ses 26 années d'existence et de ses 18 albums en studiolui, reste largement sous-évalué du grand public. Ceci s'explique sans doute par l'approche des membres fondateurs Steve Babb et Fred Schendel qui, depuis Journey Of The Dunadan sorti en 1993, est restée progressiste dans l'âme, refusant toute compromission avec une intégrité rare qui ravit par ailleurs leur fidèle noyau de fans. Ils ont en tout cas sorti quelques disques majeurs que tout amateur de prog et de textes liés à la fantasy devrait avoir écouté au-moins une fois (à commencer par Lex Rex, Shadowlands et If).

Intitulée Chronomonaut, leur nouvelle production est une séquelle du disque Chronometree de 2000 qui racontait l'histoire hilarante d'un teenager des 70's obsédé par la musique prog et qui entend des aliens tenter de communiquer avec lui via les textes de ses albums favoris. Dans cette suite, le teenager a grandi mais les textes des albums révèlent un nouveau message codé lui intimant de revenir dans le temps à l'époque glorieuse de la musique rock et d'y devenir un dieu du prog. On l'aura compris, le concept humoristique de ce diptyque traduit d'abord une grande nostalgie de l'ère bénie des grands classiques du genre. Restait à espérer que la musique, sans être trop rétro, serait à la hauteur de cette histoire aussi absurde qu'extravagante.

Après une courte introduction instrumentale (The Land Of Lost Content), on plonge au cœur du sujet avec l'irrésistible Roll For Initiative : superbe mélodie, basse énorme conduisant la musique avec assurance et orgue Hammond en roue libre cohabitent dans un arrangement splendide incluant une ligne de cuivres des plus réjouissantes qui rappelle parfois Chicago. Oui, ça évoque les 70's mais c'est aussi moderne et donc surprenant de la part d'un groupe pas spécialement noté pour ses révolutions d'un disque à l'autre. Le reste de l'album va enfoncer le clou : pas un morceau n'est à jeter dans ce répertoire qui offre énormément de surprises. Twilight Of The Godz et ses harmonies vocales élaborées, The Past Is Past et sa superbe intro au saxophone joué par Jamison Smeltz dans le style du légendaire Baker Street de Gerry Rafferty, Clockwork et ses séquences électroniques à la Tangerine Dream, l'extraordinaire Blinding Light et ses parties jazz-rock cuivrées... On en finirait plus de s'extasier sur la variété de cet album et sur le soin maniaque apporté à sa réalisation. Quant à Fade Away, c'est la pièce épique finale tant espérée, imprévisible et grandiose avec ses envolées de Moog et de guitare, et Susie Bogdanowicz qui combine sa voix à celles des deux autres chanteurs (pami lesquels on épinglera Matthew Parmenter, chanteur de Discipline et auteur de quelques excellents albums en solo).

Le pari est réussi. Fred Schendel et Steve Babb ont cette fois placé la barre très haut et se sont aventuré un plus loin tout en célébrant avec brio la splendeur du prog glorieux dans la marmite duquel ils sont tombés quand ils étaient petits. Chronomonaut est peut-être le meilleur album de Glass Hammer à ce jour et ceci est écrit en sachant bien qu'il en ont déjà produit quelques-uns qui sont très remarquables! [5/5]

[ Chronomonaut (CD / Digital) ]
[ A écouter : Chronomonaut Teaser - Melancholy Holiday - 1980 Something ]

Martin Barre : Roads Less Travelled (Cleopatra Records) UK, 12 octobre 2018.
Roads Less Travelled
1. Lone Wolf (4:04) - 2 . Out Of Time (3:06) - 3. I'm On My Way (4:07) - 4 . Roads Less Travelled (4:27) - 5 . Badcore Blues (3:28) - 6 . Seattle (4:03) - 7 . For No Man (3:51) - 8 . (This Is) My Driving Song (3:44) - 9 . You Are An Angel (2:36) - 10 . Trinity (3:32) - 11 . And The Band Played Only For Me (6:01)

Martin Barre (guitare él & ac, mandoline, tous les instruments sur 10), Dan Crisp (vocals), Alan Thompson (basse), Darby Todd (drums), Becca Langsford (chant/chœurs), Alex Hart (chant/chœurs), Josiah J (Percussion/Hammond) + Buster Cottam (contrebasse sur 9), Aaron Graham (drums sur 5)


Généralement snobé dans les listes des grands guitaristes prog sans doute à cause de sa relative discrétion, Martin Barre n'en est pas moins un vrai guitare-héros au même titre que Steve Hackett ou Steve Howe. Quand il remplaça Mick Abrahams au pied levé dans Jethro Tull en 1969, il s'imposa immédiatement comme un musicien accompli maîtrisant aussi bien le prog que le blues-rock, le folk acoustique ou même la musique classique (en dépit du fait que Barre a affirmé n'avoir jamais reçu une seule leçon de guitare de toute sa vie) et complémentant le travail de Ian Anderson à la perfection. Il suffit de réécouter sa performance dans le morceau Aqualung pour s'en convaincre.

Cet éclectisme se retrouve dans cet album en solo dans lequel Martin Barre expose son savoir-faire sur le plan de l'interprétation tout en affirmant par la même occasion de réelles qualités de compositeur. Au sein de Jethro Tull, le musicien vivait certes dans l'ombre du flûtiste charismatique et il a souvent prétendu que bon nombre de morceaux avaient été écrits en partie par lui, même si le crédit en était attribué uniquement à Anderson. C'est possible car ce répertoire de 11 titres renferme quelques belles pépites dans des styles différents comme le hard-rock sophistiqué de (This Is) My Driving Song, le blues-rock léger de Badcore Blues soutenu par des riffs de guitare slide à la Ry Cooder, le pop-rock élévateur de Lone Wolf, On My Way qui sonne comme un morceau oublié de Jethro Tull avec un leader omniprésent à la guitare électrique et à la mandoline, ou encore le splendide Trinity, un instrumental en forme de folk-rock médiéval que Ian Anderson n'aurait pas hésité une seule seconde à inclure sur un de ses albums acoustiques.

Le chanteur Dan Crisp a une voix agréable et il est secondé par deux chanteuses Becca Langsford et Alex Hart qui assurent les chœurs et prennent à l'occasion le leadership (la première sur Badcore Blues et sur le groovy And The Band Played Only For Me lavé par des vagues d'orgue Hammond; la seconde sur la ballade acoustique You Are An Angel). Par ailleurs, les arrangements des chansons ont reçu plus d'attention que sur les disques précédents de Martin Barre parfois un peu trop bruts. Par le style et le son, Roads Less Travelled rappelle l'époque des Benefit, Stand Up et d'autres albums rock des 70's qui, sans être vraiment compliqués, étaient suffisamment ouvragés et foisonnants pour retenir l'attention des fans de prog. [3½/5]

[ Roads Less Travelled (CD / Digital) ]
[ Roads Less Travelled sur Bandcamp ]

Riverside : Wasteland (InsideOut), Pologne, 28 septembre 2018.
Wasteland
1. The Day After (1:48) - 2. Acid Rain (6:02) - 3. Vale Of Tears (4:48) - 4. Guardian Angel (4:24) - 5. Lament (6:10) - 6. The Struggle For Survival (9:31) - 7. River Down Below (5:43) - 8. Wasteland (8:27) - 9. The Night Before (4:08)

Mariusz Duda (chant, basse, banjo, guitares); Michal Tapaj (calviers, piano Rhodes, orgue Hammond, theremin); Piotr Kozieradzki (drums, percussions) + Maciej Meller (gt solo sur 2, 4, 6 & 7); Mateusz Owczarek (gt solo sur 3); Michal Jelonek (violon)


WastelandAprès le décès du guitariste Piotr Grudzinski le 21 février 2016, le groupe Riverside a décidé de poursuivre en trio, Mariusz Duda se chargeant désormais des parties de guitare surtout rythmiques (mais pas seulement puisqu'il prend aussi des solos sur Lament et sur le titre éponyme). Un nouveau contrat a été signé avec leur ancien label InsideOut et l'avenir s'est dévoilé lentement mais sûrement avec l'annonce de la sortie le 28 septembre d'un septième album en studio baptisé Wasteland.

La pochette a une fois de plus été confiée à l'illustrateur américain Travis Smith dont le style (vu également chez Opeth, Katatonia et Redemption) est immédiatement reconnaissable. Le chanteur Mariusz Duda a décrit l'album comme combinant le caractère émotionnel des deux premiers disques du groupe avec la maturité des deux derniers. La musique s'inscrit toutefois dans un style différent et plutôt sombre puisqu'elle fait référence à la fois à un monde post-apocalyptique (genre La Route de Cormac McCarthy) et à la tragédie qui a frappé le groupe en 2016. Les titres des chansons parlent d'ailleurs d'eux-mêmes : Acid Rain, The Day After, Lament, The Struggle For Survival, Vale Of Tears ...

Le fait est que Riverside parvient désormais à alterner à la perfection des moments calmes et nostalgiques avec d'autres plombés par une rythmique aussi pesante et écrasante que le pas d'un robot transformer. Mariusz Duda impressionne d'ailleurs par le contrôle de sa voix qu'il peut moduler avec une infinie douceur (The Night Before) ou rendre très intense (Acid Rain). En outre, le trio varie beaucoup les arrangements de ses compositions, recourant au gré des titres à des guitares acoustiques (Guardian Angel), à un piano (The Night Before), à un orgue Hammond, ou même à un violon en la personne de Michal Jelonek. Restent les solos de six-cordes qui ont pour la plupart été confiés à deux spécialistes invités : Maciej Meller, excellent guitariste officiant depuis longtemps chez Quidam et qui est recruté par Riverside pour l'accompagner en tournée, et Mateusz Owczarek, jeune et talentueux musicien entendu au sein de Lion Shepherd. Tout cela donne un son rock chaleureux et organique à l'ancienne où les sons synthétiques n'ont guère de place. Le côté prog est évidemment moins apparent que sur les trois premiers albums mais il continue d'affleurer ici et là dans certaines progressions instrumentales innovantes notamment sur les deux titres épiques The Struggle For Survival et Wasteland.

Ce nouvel album n'est pas une renaissance et on n'y distingue pas une rupture totale avec l'univers du groupe. Au contraire, Riverside y pratique une forme de syncrétisme qui reprend diverses caractéristiques de son histoire : les solos atmosphériques de Rapid Eye Movement, l'aspect métal de Anno Domini High Definition, et le côté pop-rock accessible de Love, Fear And The Time Machine ... tout est désormais intégré dans une musique aussi mature que diverse qui fait de Wasteland un autre album essentiel dans l'évolution et la discographie du groupe polonais. [4½/5]

[ Riverside: Wasteland [Import] (CD / Digital) ]
[ A écouter : Vale Of Tears - Lament - Wasteland]

Jet Black Sea : The Overview Effect (Freia Music), Pays-Bas, 20 septembre 2018.
The Overview Effect
1. Escape Velocity (4:13) - 2. The Overview Effect (35:49) - 3. Home (E.D.L.) (5:38)

Adrian Jones (drones, guitares, basse); Michel Simons (programmation) + Adrian O'Shaughnessy (chant) et Christiaan Bruin (drums : 3)


Né d'un partenariat entre Michel Simons, programmateur et pourvoyeur d'ambiances sonores, et le guitariste Adrian Jones (membre fondateur de Nine Stones Close), le projet Jet Black Sea est un cas particulier à l'évidence créé pour explorer de nouvelles voies musicales. Et on ne sera guère surpris d'y voir également participer le talentueux Christiaan Bruin (Sky Architect, Nine Stones Close) ainsi qu'Adrian O'Shaughnessy (Nine Stones Close), respectivement en tant que batteur et chanteur.

Le titre de cet album, qu'on pourrait traduire par l'effet de perspective ou de surplomb, est tiré d'un livre célèbre de Frank White qui raconte le changement d'attitude se produisant chez des astronautes lorsqu'ils observent la Terre en vol orbital. En apercevant cette boule multicolore suspendue dans le vide sombre et hostile, la plupart d'entre eux prennent soudain conscience de la fragilité de notre planète qui nécessite attention et protection. Trois titres seulement composent le répertoire de ce disque conceptuel. Le premier, Escape velocity, illustre le départ des cosmonautes. La tension monte lentement tandis que la fusée traverse l'atmosphère dans un furieux déluge sonore propice à un lâcher de guitares et de synthés qui explosent en vous faisant participer à l'ascension. La seconde plage, The Overview Effect, change radicalement d'ambiance. En pénétrant dans l'espace, on échappe à la gravité et la musique devient plus légère et planante. Quelque part entre Pink Floyd et Tangerine Dream, cette composition épique traduit alors le changement progressif de l'état d'esprit de l'équipage frappé par la vision de la Terre, minuscule point bleu pâle perdu dans l'espace sidéral. Au casque, les myriades de couches sonores empilées se révèlent avec encore plus de clarté. Au fur et à mesure que l'expérience affecte la vision du monde des cosmonautes et leur compréhension de l'avenir, la musique se transforme, devient exploratoire et mystérieuse, suggérant un autre univers où se jouera probablement le futur de l'humanité, avant de s'apaiser quand la compréhension des protagonistes s'est élevée à un niveau supérieur. Cette musique grandiose colle parfaitement au concept et traduit, aussi bien que des mots, l'expérience collective vécue par les voyageurs de l'espace.

Enfin, après ce long morceau aussi ambitieux qu'expressif, Home (E.D.L.) - les lettres étant les initiales de Entry, Descent et Landing - accompagne la phase de retour sur terre des astronautes à jamais transformés. Piano acoustique et structure en forme de ballade caractérisent cette descente finale tandis qu'un solo de violon joué par le Russe Dimitri Artemenko amplifie encore le côté élégiaque et nostalgique de cette superbe composition.

En 45 minutes, cet album traduit en musique une expérience transcendante, quasiment une philosophie, qui ouvre sur de nouvelles idées et perspectives dont la civilisation humaine profitera peut-être un jour. A l'instar des plus grandes oeuvres du Pink Floyd, The Overview Effect propose une musique évocatrice qui fait non seulement rêver mais force en plus à la réflexion. [4/5]

[ The Overview Effect sur Bandcamp ]
[ A écouter : Home [E.D.L.] ]

The Pineapple Thief : Dissolution (Kscope), UK, 31 août 2018.
Dissolution
1. Not Naming Any Names (2:05) - 2. Try As I Might (4:26) - 3. Threatening War (6:37) - 4. Uncovering Your Tracks (4:29) - 5. All That You've Got (3:27) - 6. Far Below (4:36) - 7. Pillar of Salt (1:25) - 8. White Mist (11:05) - 9. Shed A Light (5:20)

Bruce Soord (chant, guitare); David Torn (guitare); Steve Kitch (claviers); Jon Sykes (basse); Gavin Harrison (drums)


DissolutionMine de rien, depuis 1999, The Pineapple Thief a déjà réalisé une douzaine d'albums dans lesquels l'influence de Radiohead mais aussi de Porcupine Tree n'a jamais cessé d'être apparente. Sorti en 2016, Your Wilderness était particulièrement réussi et marquait une évolution positive de la musique du groupe : mélodies splendides, maîtrise des textes et des arrangements, concision des titres entre prog et pop, et dynamisation de la section rythmique via le recrutement du batteur Gavin Harrison (ex-Porcupine Tree).

Le nouvel album intitulé Dissolution conserve l'objectif de la concision en proposant un répertoire de 9 titres pour une durée de 43 minutes. Le chanteur Bruce Soord avait affirmé sa volonté de développer les compositions au maximum en profitant notamment de l'expérience et de la technique exceptionnelle de leur nouveau batteur. Et le fait est que le groupe poursuit sa route avec brio, écrivant des morceaux sophistiqués mais toujours très accessibles tout en étant somptueusement arrangés. Le côté agressif du groupe (All That You've Got, Far Below) est ici bien souvent dominé par une approche plus pensive et parfois sombre (Not Naming Any Names) ou atmosphérique (White Mist). Sans se faire trop remarquer dans le groupe qui reste globalement fidèle à lui-même, la frappe de Gavin Harrison n'en est pas moins remarquable et parfaitement accordée au jeu du bassiste Jon Sykes, évoquant parfois les derniers disques de Porcupine Tree. On sait que l'album a été enregistré isolément par les différents membres qui ont échangé les fichiers par internet mais ça ne s'entend pas : chaque note est à sa place exactement comme si les musiciens avaient joué ensemble dans le même studio.

Le concept de l'album traite des conséquences souvent négatives de vivre dans une société en transition dans laquelle les relations entre les personnes se désintègrent tandis que, paradoxalement, tout est exposé en public dans un système qui semble avoir été mis en place pour renforcer les contacts entre les gens. Cette dissolution de la société, qui donne son titre à l'album, explique aussi la pochette dont le design a été confié à la firme anglaise Stylorouge déjà célèbre pour ses travaux avec Blur, Pink Floyd (The Endless River) et David Bowie (Best Of).

Avec Gavin Harrison à bord, The Pineapple Tree, comme le souligne Bruce Soord lui-même, est un groupe différent. C'est un peu comme si Soord et les siens avaient d'un coup atteint une complète maturité en délivrant une musique à la fois lyrique, imaginative, dynamique, équilibrée et techniquement parfaite vers laquelle, il convient quand même de le souligner, tendait déjà leurs précédents opus. Ceux qui se languissent encore de Porcupine Tree peuvent avantageusement acquérir cet album : quoique différentes sur plusieurs plans, les musiques produites par ces deux groupes n'en présentent pas moins d'évidentes similarités. [4/5]

[ Dissolution (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Far Below ]

[ Autres chroniques pour The Pineapple Thief : Variations On A Dream - Tightly Unwound - Your Wilderness ]

Mystery : Lies And Butterflies (Unicorn Digital), Canada, 14 juillet 2018.
Lies And Butterflies
1. Looking For Something Else (16:54) - 2. Come To Me (5:17) - 3. How do you Feel ? (4:53) - 4. Something to Believe in (7:34) - 5. Dare to Dream (6:54) - 6. Where Dreams Come Alive (7:26) - 7. Chrysalis (15:08)

Antoine Michaud (claviers), François Fournier (basse, chœurs), Jean Pageau (chant, flûte, claviers), Jean-sébastien Goyette (drums, chœurs), Michel St-père (guitare, chœurs), Sylvain Moineau (guitare, chœurs)


Lies And Butterflies (LP)Ce septième album du groupe canadien est le second avec le nouveau chanteur Jean Pageau qui a remplacé Benoît David après sa démission liée à des problèmes de voix. Malgré le souvenir impérissable laissé par les prestations de Benoît sur les trois albums en studio auxquels il a participé de 2007 à 2012, il faut bien avouer que Jean Pageau impressionne tout autant, aussi expressif dans les morceaux calmes que dans les titres plus rock qu'il négocie avec une belle assurance. En plus, il joue de la flûte, ajoutant ainsi un nouveau son à la panoplie déjà bien étoffée du groupe et contribue également aux compositions, ici avec la très belle ballade Dare To Dream sublimée par des chœurs splendides. Enfin, ceux qui ont vu Mystery sur scène savent que le nouveau chanteur est aussi un grand showman et que sa présence a sans nul doute boosté récemment les tournées internationales du groupe.

Sans trop changer sa ligne directrice, Mystery poursuit sa route ascensionnelle en délivrant deux titres épiques de 15 minutes (Looking For Something Else et Chrysalis) et cinq autres chansons plus courtes méticuleusement arrangées et dotées de refrains mémorables. Tous dont perfusés par ces solos de guitare dont Michel St-Père, aidé par le second guitariste Sylvain Moineau, a le secret depuis la fondation de ce groupe dont il est le leader et principal compositeur. Entre néo-prog symphonique et rock mélodique à l'américaine, cette musique est transcendée par des orchestrations savantes et des changements de climat où riffs musclés cohabitent, parfois au sein d'un même morceau, avec des passages légers et acoustiques de toute beauté.

L'album précédent, Delusion Rain, était déjà une belle réussite et celui-ci confirme non seulement la classe énorme du groupe mais aussi sa capacité à concevoir des disques sans déchet que l'on peut écouter d'une traite sans aucune lassitude ni envie de zapper l'un ou l'autre morceau. Pas encore très populaire hors du Canada (à cause d'une édition sur un label spécialisé et donc trop confidentiel : Unicorn Records, d'ailleurs fondé en 1996 par Michel St-Père pour promouvoir la musique de Mystery) mais en voie de l'être, Mystery gagnerait certainement à signer un contrat avec une maison de disques majeure. En attendant, ceux qui apprécient des groupes comme Arena, Sylvan, Jadis et même Kansas ou qui ont déjà été conquis par un album précédent de Mystery peuvent se précipiter sur Lies And Butterflies, ils sont être assurés de vivre un grand moment musical. [4½/5]

[ Lies & Butterflies [Import] (CD / Digital) ]
[ A écouter : Looking For Something Else ]

[ Autres chroniques pour Mystery : One Among The Living - Delusion Rain ]

Gazpacho : Soyuz (Kscope), Norvège, 18 mai 2018.
Soyuz
1. Soyuz One (6:21) - 2. Hypomania (3:38) - 3. Exit Suite (3:38) - 4. Emperor Bespoke (7:42) - 5. Sky Burial (4:25) - 6. Fleeting Things (4:18) - 7. Soyuz Out (13:23) - 8. Rappaccini (4:06)

Jan Henrik Ohme (chant); Jon-Arne Vilbo (guitare); Thomas Andersen (claviers); Mikael Kromer (violon, mandoline, gt); Kristian Torp (basse); Robert Risberget Johansen (drums, percussions)


SoyuzLa musique mélancolique et parfois sombre de Gazpacho, groupe norvégien au nom espagnol, se bâtit sur des ambiances oniriques que l'on pourrait associer au post-rock et où l'on retrouve l'influence de Radiohead, de Porcupine Tree dans leurs moments les plus calmes et, parfois, celle du Marillion de Steve Hogarth (Brave). Leur nouvel album Soyuz, déjà le dixième depuis Bravo sorti en 2003, gèle le temps en mettant en relief certains évènements du passé comme l'écrasement de la capsule spatiale Soyouz qui tua l'astronaute Komarov ou un enterrement traditionnel Tibétain où l'on offre les corps des défunts à manger aux vautours (Sky Burial).

Doté d'un graphisme d'Antonio Seijas dans la ligne de celui des disques précédents, la musique, à la fois enveloppante et élévatrice, propose de nouvelles et magnifiques histoires. Ambitieux, sophistiqué et d'une lumineuse clarté, due notamment à des arrangements nuancés et à une production techniquement impeccable, Soyuz continue à offrir des moments magiques à l'instar de tous les disques du groupe depuis le fabuleux et inégalable Night de 2007 jusqu'au ténébreux Molok de 2015. Pour les amateurs de prog atmosphérique, nostalgique et chargé d'émotion ! [4/5]

[ Soyuz (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Soyuz One - Exit Suite ]

[ Autres chroniques pour Gazpacho : Night - Missa Atropos - Demon ]

Subsignal : La Muerta (Gentle Art Of Music), Allemagne, 25 mai 2018.
La Muerta

Arno Menses (chant)
Markus Steffen (guitare)
Markus Maichel (claviers)
Ralf Schwager (basse)
Dirk Brand (drums)
+ Marjana Semkina (chant : 11)
Markus Jehle (piano : 11)

1. 271 Days (1:04) - 2. La Muerta (6:01) - 3. The Bells Of Lyonesse (4:59) - 4. Every Able Hand (4:46) - 5. Teardrops Will Dry In Source Of Origin (2:06) - 6. The Approaches (4:53) - 7. Even Though The Stars Don't Shine (5:14) - 8. The Passage (7:23) - 9. When All The Trains Are Sleeping (5:27) - 10. As Birds On Pinions Free (5:40) - 11. Some Kind Of Drowning (5:34)

Ceux qui ont jadis apprécié le groupe allemand Sieges Even ont probablement continué à suivre Subsignal formé en 2008 par le chanteur Arno Menses et le guitariste Markus Steffen. La Muerta qui vient de sortir est déjà leur cinquième disque et, en favorisant un côté rock accessible, il marque une évolution parallèle à celle de beaucoup de groupes prog actuels désireux d'élargir leur public. Ni hard, ni plus tout à fait néo-prog, la musique se démarque par de superbes harmonies, un chant efficace et très professionnel, et des arrangements soignés avec beaucoup plus de claviers que d'habitude. Tous ces éléments, qui sont par ailleurs les caractéristiques d'un rock de type A.O.R., rapprochent parfois Subsignal de certains groupes spécialisés dans le genre comme Toto et Asia, même si globalement, le côté prog qui se manifeste notamment par de belles parties instrumentales n'est quand même pas totalement éludé. Quant à la variété du répertoire, il suffira pour s'en convaincre d'écouter successivement le rock mélodique et les solos élévateurs de Every Able Hand, l'interlude instrumental Teardrops Will Rise In Source Of Origin interprété à la guitare acoustique, The Passage et son néo-prog sophistiqué ainsi que le splendide Some Kind Of Drowning emmené par le piano de Markus Jehle (RPWL) et transcendé par un duo vocal composé de Arno Menses et de Marjana Semkina, la remarquable chanteuse du groupe russe Iamthemorning.

Bien que le rock exubérant et maîtrisé de Subsignal ne manque déjà pas de caractère dans sa forme brute, il est encore rehaussé sur cet album par une production dynamique et cristalline concoctée par deux membres de RPWL, Kalle Wallner et Yogi Lang, qui en profitent pour ajouter quelques parties de guitare et de claviers additionnels. Dommage que Subsignal ne soit pas plus connu hors de son pays : même le plus célèbre des journaux britanniques dédiés au Prog, qui ignore tout de la déjà longue histoire du groupe (pour eux, La Muerta n'est que leur second disque), les relègue trop rapidement via une chronique multiple et express dans un style néo/mélodique en évoquant Lifesigns (?), Panic Room (??) et même IQ (???). Comment négliger un tel disque et encenser le dernier Spock's Beard, également orienté A.O.R., à la page précédente ? Mystère !

Pour conclure en délivrant quelques références utiles, les nostalgiques qui se souviennent encore du mythique The Art Of Navigating By The Stars (Sieges Even) mais aussi les fans de RPWL, Blind Ego, Sylvan, voire Arena ou Enchant, peuvent appréhender La Muerta en toute confiance : ils ne seront pas déçus. [4/5]

[ La Muerta (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : La Muerta" (Official single version) ]

The Sea Within : The Sea Within (InsideOut Music), Multinational, 22 juin 2018.
The Sea Within

Roine Stolt (guitares)
Daniel Gildenlöw (chant, guitare)
Tom Brislin (piano, orgue, synthés)
Jonas Reingold (basse)
Marco Minnemann (drums, percussions)
+ Invités

CD1 : 1. Ashes Of Dawn (5:59) - 2. They Know My Name (5:09) - 3. The Void (4:53) - 4. An Eye For An Eye For An Eye (7:01) - 5. Goodbye (5:31) - 6. Sea Without (2:23) - 7. Broken Cord (14:10) - 8. The Hiding Of Truth (5:35)

CD2 : 1. The Roaring Silence (8:04) - 2. Where Are You Going? (5:54) - 3. Time (7:18) - 4. Denise (5:16)

The Sea WithinThe Flower Kings étant à nouveau mis en jachère pour une période indéterminée, Roine Stolt et Jonas Reingold, répondant à une suggestion du patron du label InsideOut Music, Thomas Waber, ont réuni un super groupe des plus alléchants nommé The Sea Within. Le claviériste Tom Brislin, remarqué pour sa prestation pyrotechnique avec Yes au cours de la tournée « Symphonic Live », fut le premier embarqué, suivi du batteur Marco Minnemann, membre de Levin Minneman Rudess, promu nouveau héros des fûts après son passage dans le groupe de Steven Wilson (Hand. Cannot. Erase). Quant au département vocal, c'est sans surprise le fidèle et ancien ami Daniel Gildenlöw (Pain of Salvation) qui fut recruté.

Enregistrée à Londres sur 6 mois, la musique est, selon Stolt, un maelstrom éclectique de différents styles allant du symphonique au métal en passant par le folk, l'électronique et le pop-rock. Normal dès lors que des invités aussi différents que Jordan Rudess (Dream Theater), Jon Anderson (Yes), Casey McPherson (Flying Colors) et le saxophoniste flûtiste Rob Townsend (Steve Hackett) fassent une apparition sur l'un ou l'autre titre.

L'écoute du disque confirme l'éclectisme mais aussi l'originalité du projet qui n'est ni un album déguisé des Flower Kings ni un autre de Pain Of Salvation encore que certaines caractéristiques propres à ces deux groupes soient parfois perceptibles (ne serait-ce que via la guitare ou les voix). Ainsi, Ashes Of Dawn qui renvoie à la crise économique mondiale évoque-t-il bien davantage la puissance sombre et la complexité d'un King Crimson (seconde mouture) que les gentilles arabesques symphoniques habituellement déclinées par Roine Stolt. A l'autre bout du spectre, The Void, porté par le chant très expressif de Gildenlow, paraît languissant et même le solo de synthé déposé au milieu par Tom Brislin semble flotter en apesanteur comme détaché du morceau lui-même. An Eye For An Eye For An Eye présente d'abord le côté rock et accessible du groupe mais change soudain de tempo en plein milieu avec un superbe solo jazzy de piano joué par Brislin avant de revenir en finale à la frénésie du début. Chacun à l'occasion de briller sur ces trois plages créatives dans des styles différents et l'on se rend bien compte quels grands musiciens sont derrière cette musique aussi imprévisible qu'attachante.

Chanté par McPherson, Goodbye est le morceau le plus immédiatement attractif du répertoire à cause de sa belle mélodie mais aussi de l'interaction à tous les niveaux entre les musiciens (qui ont tous contribué à son écriture). La guitare de Stolt s'envole de plus en plus en plus haut dans la stratosphère tandis que la frappe intelligente de Minnemann est un vrai festival comme on n'en entend que rarement dans la musique rock. Et puis, il y a Broken Cord, l'indispensable pièce épique de près de 15 minutes, sur lequel Gildenlöw et McPherson se partagent les vocaux. C'est ici que Jon Anderson fait une apparition mais il faut écouter la chanson plusieurs fois au casque pour percevoir sa contribution tant elle est bien dissimulée dans les chœurs. Ce morceau qui n'accroche pas immédiatement abolit les frontières avec ce que faisait hier The Flower Kings si bien que les fans de ce groupe, dont je suis, apprécieront certainement. Le disque principal, qui à mon avis se suffit à lui-même, se clôture sur le délicat The Hiding Of Truth sous-tendu par le grand piano de Jordan Rudess qui imprime indéniablement sa marque sur ce titre enchanteur fort bien chanté par McPherson.

Bien emballé dans une superbe pochette réalisée par l'artiste colombienne Marcela Bolivar dont l'art digital, à base de photographies transformées, mêle végétaux et êtres humains dans une approche des plus originales, le premier essai de The Sea Within tient largement ses promesses : voici un album généreux où s'équilibrent les performances individuelles des musiciens, l'approche collective dans les arrangements, et le travail aussi original que consistant sur les compositions. Stolt a déjà marqué son désir de voir le groupe évoluer dans l'avenir, ce qui laisse supposer d'autres productions qu'on peut raisonnablement espérer aussi, sinon encore plus, captivantes que celle-ci. En attendant, cet album 100% prog aura eu le temps de s'installer dans le top 10 de cette année. [4½/5]

[ Sea Within [Import] (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Ashes Of Dawn - Goodbye ]

Ancient Veil : Rings Of Earthly ... Live (Lizard Records), Italie, 9 mai 2018.
Rings Of Earthly ... Live

Alessandro Serri (gt, chant, flûte)
Edmondo Romano (sax, fl, cl, mélodica),
Fabio Serri (claviers)
Massimo Palermo (basse)
Marco Fuliano (drums, gt acoust.)

1. Ancient Veil (8:20) - 2. Dance Around My Slow Time (5:26) - 3. The dance Of The Elves (2:02) - 4. Creatures Of The Lake (5:17) - 5. Night Thoughts (8:09) - 6. New (1:55) - 7. Rings Of Earthly Light (suite) (17:38) - 8. Pushing Together (4:02) - 9. In The Rising Mist (5:07) - 10. I Am Changing (6:06) - 11. If I Only Knew (2:47) - 12. Bright Autumn Dawn (6:37)

Rings Of Earthly ... Live (livret)Cet enregistrement live, Ancient Veil l'avait promis et ils ont tenus parole, délivrant un superbe album qui retrace en 74 minutes toute la carrière du groupe. Bien qu'il puisse paraître cryptique à un néophyte, son intitulé est un jeu de mots qui renvoie à Rings Of Earthly Light, l'album mythique qu'Alessandro Serri et Edmondo Romano ont sorti avec Eris Pluvia en 1991 avant de poursuivre leur collaboration sous le nom actuel d'Ancient Veil. Le répertoire, qui est issu de deux concerts donnés les 12 mai et 11 novembre 2017 à Gênes, puise dans les trois albums enregistrés en studio par le tandem Serri - Romano : s'y succèdent ainsi six titres de The Ancient Veil (Mellow Records 1995) qui été réédité récemment après une remastérisation exemplaire; trois titres dont la splendide suite éponyme issus du précité Rings Of Earthly Light; et enfin trois morceaux provenant du plus récent I Am Changing (Lizard c 2017).

Soulignons-le d'emblée : l'enregistrement de ces concerts est techniquement impeccable avec une excellente séparation des instruments et une sonorité d'ensemble très agréable. Le titre Ancient Veil qui ouvre l'album convaincra tout le monde : la guitare électrique volubile d'Alessandro Serri se marie avec bonheur aux instruments à vent d'Edmondo Romano tandis que les claviers électriques de Fabio Serri procurent des couleurs jazzy à la composition. Même la partie vocale qui intervient assez tard vers la fin du morceau est bien mixée dans l'ensemble, mieux même que dans la version en studio. Evoluant constamment entre folk-rock et prog, le groupe délivre avec émotion des musiques volontiers pastorales évoquant des paysages colorés et baignés de lumière (en particulier, Creature Of The Lake avec Marco Gnecco au hautbois et In The Rising Mist qui bénéficie de la participation aux guitares acoustiques de Fabio Zuffanti et Stefano Marelli du groupe Finisterre). On ne s'y ennuie jamais car ces tableaux champêtres sont animés, ici par des fêtes qui emportent l'auditeur le temps d'une dance tourbillonnante (Dance Of The Elves, la section centrale de I'm Changing), là par des tempêtes électriques qui viennent occasionnellement en raviver les couleurs (les interludes jazz-rock de Rings Of Earthly Light, les passages franchement rock de Bright Autumn Dawn ...).

Le compact est emballé dans une pochette qui reprend une peinture intitulée "Tramonto e povertà" de Francesca Ghizzardi, qui avait déjà réalisé la couverture de The Ancient Veil Remastered et celle, très réussie, de I Am Changing. Quant au livret, s'il n'inclut malheureusement pas les paroles des chansons, il présente en revanche des photographies du groupe en concert. Varié et captivant tout du long, ce disque montre un groupe, et en particulier un tandem Serri - Romano auteur de toutes les compositions, au sommet de son art après quelques 25 années d'existence et dont on peut espérer dans le futur d'autres productions folk-prog d'une aussi grande qualité que celle-ci. [4/5]

[ Rings of Earthly Live [Import] (CD / Digital) ]
[ A écouter : Dance Around My Slow Time - Rings Of Earthly... Live (Teaser) ]

Spock's Beard : Noise Floor (InsideOut), USA, 25 mai 2018
Noise Floor

Ted Leonard (chant)
Alan Morse (gt, sitar, mandoline)
Ryo Okumoto (claviers)
Dave Meros (basse)
Nick D'Virgilio (drums)

CD 1 – Noise Floor : 1. To Breathe Another Day (5:38) - 2. What's Become of Me (6:12) - 3. Somebody's Home (6:32) - 4. Have We All Gone Crazy Yet (8:07) - 5. So This Is Life (5:36) - 6. One So Wise (6:58) - 7. Box of Spiders (5:29) - 8. Beginnings (7:25)
CD 2 – Cutting Room Floor : 1. Days We'll Remember (4:15) - 2. Bulletproof (4:42) - 3. Vault (4:39) - 4. Armageddon Nervous (3:32)


Noise Floor (2 CD)Ils avaient annoncé un changement et ils ont tenu parole : le nouvel album de Spock's Beard est plus imprégné de rock mélodique A.O.R. qu'autrefois, confirmant ainsi une orientation déjà prise sur les deux productions précédentes enregistrées par la troisième mouture du groupe incluant le chanteur Ted Leonard. On notera aussi le départ du batteur Jimmy Keegan remplacé par le membre fondateur Nick D'Virgilio de retour au bercail après avoir quitté le groupe en 2011 mais le changements apportés par cette permutation ne sont guère notables : D'Virgilio a intégré sans mal le poste de son prédécesseur mais, semble-t-il, plutôt comme dépannage provisoire car ses obligations actuelles ne lui permettront ni une réintégration définitive ni d'accompagner le groupe en concert. Les riffs puissants qui lancent et soutiennent To Breathe Another Day évoquent davantage les musiques de Kansas ou de Styx que le Spock's Beard des années 90 tandis que les deux morceaux suivants, What Becomes Of Me et Somebody's Home, avec son arrangement de cordes et son cor anglais, sont encore plus ancrés dans ce genre A.O.R. très prisé des radios de rock FM. Un genre qui convient d'ailleurs tout-fait à Ted Leonard dont le timbre clair et la puissance vocale sont plus dans le style d'un Steve Perry (chanteur de Journey) que dans celui d'un Neal Morse. Louchant sur le pop-rock à l'américaine, la ballade So This Is Life enfoncent le clou et entérine le changement.

Afin de rappeler qu'il fut l'un des fers de lance du renouveau de la musique prog, Spock's Beard a toutefois essaimé dans le répertoire quelques compositions beaucoup plus progressives comme l'instrumental Box Of Spiders emmené par le redoutable Ryo Okumoto à l'orgue. La frappe de D'Virgilio redevient alors sauvage en parfaite symbiose avec les lignes de basse frénétiques d'un Dave Meros par ailleurs très présent sur l'album entier. Quant à Have We All Gone Crazy Yet, il réunit les qualités du rock mélodique avec celles du prog et retrouve la veine des anciens morceaux jadis écrits par Neal Morse. Son frère Alan Morse en particulier y déploie ses ailes avec des envolées de six-cordes particulièrement réjouissantes.

Certes, ceux qui n'apprécient pas le style A.O.R. et ce qu'on appelle souvent l'Arena Rock reprocheront au groupe ce tournant musical assumé censé élargir leur public. Ce n'est toutefois qu'une corde de plus à leur arc car le groupe a su sagement combiner une musique plus accessible avec leur approche plus complexe habituelle, parfois au sein d'une même composition : ainsi, par exemple, To Breathe Another Day a tous les poncifs du rock A.O.R. (riffs incandescents, mélodie accrocheuse, refrain grandiose, rythmique hard …) mais ça n'empêche pas le groupe d'y incruster des envolées mémorables dont une à l'orgue façon Jon Lord. Le résultat est probant : Spock's Beard sait tout jouer et on ne voit pas pourquoi il n'en profiterait pas et devrait répéter l'infini les mêmes codes... pour faire plaisir à quelques puristes.

Le compact est accompagné d'un EP (Cutting Room Floor) qui regroupe quatre titres non retenus sur l'album principal et devait sortir à part mais qui a finalement été inclus en bonus dans l'album. Ainsi, on possède l'intégralité de la session dont, franchement, il n'y a rien à jeter. [4/5]

[ Noise Floor [Import] (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : To Breathe Another Day - Somebody's Home ]

Arena : Double Vision (Verglas), UK, 25 mai 2018
Double Vision

Clive Nolan (claviers)
John Mitchell (guitare)
Paul Manzi (chant)
Kylan Amos (basse)
Mick Pointer (drums)

1. Zhivago Wolf (4:48) - 2. The Mirror Lies (6:58) - 3. Scars (5:17) - 4. Paradise of Thieves (5:10) - 5. Red Eyes (6:41) - 6. Poisoned (4:28) - 7. The Legend of Elijah Shade (22:39)

Double Vision / LivretSi l'on réécoute la discographie d'Arena, on est surpris par la cohérence de ce groupe depuis sa création en 1995 et ce en dépit d'importants changements en personnel. Aucun album n'est franchement mauvais même si certains (Contagion en 2003) sont meilleurs que d'autres (The Seventh Degree Of Separation en 2011). Et, puis, le groupe est aussi l'auteur d'un chef d'œuvre devenu culte au fil des ans : The Visitor, indispensable à toute discothèque progressive digne de ce nom.

Pour son neuvième album en studio, Arena ne change pas fondamentalement de style. Le néo-prog habituel mâtiné de hard-rock reste immuable mais, à ce niveau de perfection, on ne s'en lasse pas. D'autant plus que le répertoire offre de nouvelles mélodies particulièrement attachantes toujours enrobées dans de somptueuses textures. On ne pourra s'empêcher de comparer cette musique avec celle produite par d'autres groupes au sein desquels officie le guitariste John Mitchell. On y retrouve en effet à plusieurs reprises un son et des structures de morceaux qui rappellent Lonely Robot ou Kino et un titre comme Paradise Of Thieves par exemple, avec son refrain dévastateur, aurait très bien put figurer sur The Big Dream. Mais Arena a aussi d'autres cordes à son arc, à commencer par le claviériste Clive Nolan, fondateur du groupe et véritable alchimiste des claviers qui a écrit ou co-écrit tous les titres. Contrairement à un Rick Wakeman, Nolan ne fait pas dans les solos fulgurants et virtuoses mais plutôt dans la confection de nappes sonores inédites et peaufinées avec une extrême précision dont le seul objectif est de rendre service aux compositions. Ensuite, le chanteur Paul Manzi qui a rejoint Arena plus récemment vers 2010 a une voix puissante et expressive qui, si elle était encore mal intégrée au moment de l'enregistrement de The Seventh Degree Of Separation, a désormais trouvé sa place dans le style d'Arena. Enfin, le bassiste Kylan Amos et le batteur Mick Pointer composent une rythmique à la fois musclée et compétente comme on pourra s'en convaincre en écoutant les trames relativement complexes de The Mirror Lies et Paradise Of Thieves.

L'album se termine par un vrai morceau épique de près de 23 minutes, le plus long jamais enregistré par le groupe : The Legend Of Elijah Shade. La pompe est ici à l'honneur et on n'a aucun doute sur l'homme qui a écrit cette musique : le style grandiose mais efficace de Olive Nolan, grand pourvoyeur de musiques théâtrales, est à travers toutes les phases de ce titre monumental. Nolan s'y laisse d'ailleurs aller plus qu'ailleurs, délivrant des parties de claviers réjouissantes et même un solo joué sur un orgue d'église dans la plus pure tradition gothique de ce qu'il fait généralement sous son propre nom. Même si cette longue pièce manque parfois de consistance, le groupe brille dans ce format plus long que d'habitude et démontre qu'il peut aller au-delà de son néo-prog traditionnel.

La sortie de cet album coïncide avec le 20ème anniversaire de The Visitor, qui sera interprété live dans son intégralité lors des prochaines tournées. Ceci explique peut-être que Double Vision soit intitulé d'après le troisième morceau de cet album de 1998 qui reste la référence incontournable du groupe. En tout cas, l'artiste portugais Joao Martins, déjà recruté en 2011 pour The Seventh Degree Of Separation, en a profité pour concevoir une pochette originale dérangeante qui est un reflet littéral du titre. Ce disque globalement réussi ne décevra ni les amateurs de néo-prog, ni les fans du groupe qui surent apprécier jadis des œuvres comme The Visitor, Immortal?, Contagion et Pepper's Ghost. [4/5]

[ Double Vision (CD / Digital) ]
[ A écouter : The Mirror Lies ]

Frequency Drift : Letters To Maro (Gentle Art Of Music), Allemagne, 13 avril 2018
Letters To Maro

Irini Alexa (chant)
Andreas Hack (claviers, synthés, gt, b, mandoline)
Nerissa Schwarz (harpe él., mellotron, synthés)
Wolfgang Ostermann (drums, Wavedrum)
+ Michael Bauer (guitare : 1 & 10)

1. Dear Maro (6:22) - 2. Underground (5:02) - 3. Electricity (4:52) - 4. Neon (6:09) - 5. Deprivation (3:35) - 6. Izanami (5:09) - 7. Nine (6:10) - 8. Escalator (4:26) - 9. Sleep Paralysis (6:03) - 10. Who's Master? (9:16) - 11. Ghosts When it Rains (3:05)

Nerissa Schwarz & ses harpes électriquesLe huitième album du groupe allemand Frequency Drift ne fait pas l'impasse sur son côté lyrique habituel ni sur ses capacités à évoquer dans un style des plus cinématographiques des histoires romantiques écrites avec beaucoup de soin dans lesquelles l'absence et l'oubli jouent un rôle majeur. Contrairement à Last où la guitare était très présente, cette dernière brille cette fois par son absence mais à la place, les arrangements symphoniques conçus par Hack et Schwartz ont été renforcés en introduisant des sonorités inédites parmi lesquelles celles de la harpe électronique et de nouvelles percussions qui côtoient les synthés, le piano et le mellotron. On y fait aussi la connaissance de la nouvelle chanteuse Irini Alexia qui a également participé à l'écritures des textes. Sa voix est désormais l'arme secrète du groupe tant elle s'envole avec grâce au-dessus des textures somptueuses. Souvent, son chant est enrobé par des chœurs ou des effets divers, mais elle parvient toujours à s'imposer grâce à sa clarté et à un mixage malin qui a su sagement privilégier l'importance de sa contribution. Il faut d'ailleurs souligner la qualité de la production par le tandem Hack/Schwarz qui ne compte pas pour rien dans celle de l'œuvre finale.

Les différentes chansons sont conçues comme des lettres vaguement reliées entre elles, faisant de Letters To Maro un album conceptuel même si les chansons peuvent fort bien s'écouter individuellement : chacune a son ambiance particulière et, de la mélodie pétillante et infectieuse d'Electricity au mystère vaporeux de l'instrumental Ghosts When It Rains, en passant par la tension palpable qui perfuse Sleep Paralysis, on n'a pas le temps de s'ennuyer même si les tempos restent globalement lents ou moyens. On pense parfois aux romans d'Haruki Murakami qui, eux-aussi, abordent souvent des thèmes existentiels tels que l'aliénation et la solitude, teintés de poésie, et qui flirtent avec le fantastique et le surréalisme.

A l'instar de ses albums précédents, Frequency Drift a à nouveau apporté beaucoup de soin au graphisme (pochette, livret et même vidéo) qui illustre les textes des chansons et participe pleinement à la compréhension globale de l'œuvre. Une manière de dire que cet album s'appréciera d'autant mieux si l'on en explore toutes ses composantes en même temps plutôt que d'écouter vite fait les fichiers téléchargés de plateformes digitales. Ceux qui ont le matériel approprié tireront sans doute encore beaucoup plus de joie à écouter la version vinyle de l'album éditée sur deux LP réunis à l'ancienne dans une somptueuse pochette double. [4½/5]

[ Letters to Maro (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : Electricity (Official Single Version) - Escalator ]

Kino : Radio Voltaire (InsideOut), UK, 23 mars 2018
Radio Voltaire

John Mitchell (chant, guitare)
Pete Trewavas (basse, chœurs)
Craig Blundell (drums)
John Beck (claviers)

1. Radio Voltaire (7:04) - 2. The Dead Club (4:10) - 3. Idlewild (6:01) - 4. I Don't Know Why (5:23) - 5. I Wont Break So Easily Any More (5:30) - 6. Temple Tudor (4:28) - 7. Out of Time (6:21) - 8. Warmth of the Sun (1:49) - 9. Grey Shapes on Concrete Fields (4:41) - 10. Keep the Faith (5:35) - 11. The Silent Fighter Pilot (4:49) - 12. Temple Tudor (Piano Mix) (4:29) - 13. The Dead Club (Berlin Headquarter Mix) (4:02) - 14. Keep The Faith (Orchestral Mix) (5:35) - 15. The Kino Funfair (1:01)

Radio VoltaireIl y a treize années, une comète baptisée Kino surprit le monde du prog avec un unique album appelé Picture, une petite pépite de pop-rock mélodique, puissant et suffisamment alambiqué pour capter l'attention des amateurs. Il faut dire que Kino était ce qu'on peut appeler un supergroupe comprenant le guitariste John Mitchell (Arena, Frost* et It Bites), le batteur Chris Maitland (Porcupine Tree), le claviériste John Beck (It Bites et Fish) en plus du célèbre bassiste Pete Trewavas (Marillion et Transatlantic). Jamais oublié, Picture connut une réédition appréciée en 2017, ce qui incidemment fit germer l'idée de lui donner enfin un successeur.

Le line-up a légèrement été changé puisque le batteur qui monte, Craig Blundell (Lonely Robot, Frost* et Steven Wilson), a remplacé Maitland. L'approche en revanche a été conservée : le groupe délivre toujours un néo-prog accessible et plein de panache. Les deux premiers morceaux du répertoire sont des pièces irrésistibles : Radio Voltaire qui prêche la liberté d'expression est une composition en tempo moyen portée par une rythmique terriblement efficace et nourrie par ce genre d'envolées de guitare qui ont bâti la réputation de John Mitchell. Le temps de s'habituer à la mélodie et voilà que déboule The Dead Club et son riff massif soulignant le côté cynique de cette chanson en forme de tornade.

A partir de là, on devine que le disque entier sera un enchantement même si c'est pour des raisons différentes à chaque titre. Ainsi Idlewild est-il une superbe ballade à propos des adieux dans les aéroports avec un texte poétique fort bien chanté par la voix de baryton légèrement éraillée de Mitchell qui, en plus, se fend d'un solo élévateur de guitare électrique. A l'autre bout du spectre, Grey Shapes On Concrete Fields allume le feu grâce à une rythmique incendiaire qui alterne entre 5/4 et 4/4 : on reste ébahi devant la science de Craig Blundell dont la frappe dynamique, plus que celle de Maitland, s'avère essentielle à ce genre de musique. Le titre étrange fait référence à la disparition progressive de la végétation qui laisse la place aux formes grises sur les champs de béton. Tudor Temple est une chanson folk accompagnée à la guitare acoustique à propos de la bonne vieille Angleterre au temps des Tudor. Et puis, Il y a un morceau, I Don't Know Why, écrit par Pete Trewavas au temps des sessions du premier Kino mais qui ne fut pas terminée à temps pour être inclue dans l'album. Ce rock A.O.R. quasi classique a su résister au temps pour finalement se retrouver sur cette seconde galette. Beaucoup de variété donc dans cet album qui, sans les bonus, offre 11 nouvelles chansons entre prog et pop dans un style qui n'est finalement pas trop différent des deux productions de Lonely Robot.

Colorée comme les génériques des films de James Bond, la pochette a été réalisée par le designer Paul Tippett qui, mine de rien, commence à avoir une longue discographie à son actif et semble s'être fait un carnet d'adresses bien rempli dans le milieu du néo-prog. Outre la couverture également très belle du premier Kino, on lui doit en effet également les splendides images illustrant des albums majeurs comme Milliontown de Frost*, The Tall Ships de It Bites, Empires Never Last de Galahad, The Seasons Turn de Lee Abraham et The Big Dream de Lonely Robot.

Depuis sa participation au tournant du millénaire à The Urbane, à qui l'on doit deux disques plutôt médiocres, John Mitchell a beaucoup évolué. Il est aujourd'hui devenu une figure incontournable du prog moderne et, quand il est bien entouré, les projets dans lesquels il joue sont tous remarquables. En tout cas, ce deuxième essai de Kino au casting d'exception est une grande réussite digne du souvenir que le premier album nous avait laissé. [4½/5]

[ Radio Voltaire (CD / Vinyle / Digital) ]
[ A écouter : The Dead Club - I Don't Know Why ]

Moonparticle : Hurricane Esmeralda (Indépendant), 20 janvier 2018
Hurricane Esmeralda

Niko Tsonev (gt, b)
Adam Holzman (claviers)
Theo Travis (fl, sax)
Craig Blundell (dr)
+ Grog Lisee (Chant : 1, 4, 7)

1. Hurricane Esmeralda (03:20) -2. Helium I (02:16) - 3. Helium II (01:23) - 4. Winter Mountain (05:20) - 5. White Light (05:00) - 6. Michelangelo Don't Stop (06:51) - 7. The Strength Of A Thousand Year Rose (04:22) - 8. Reverend Mum (04:11) - 9. Leon's Experiment (07:15)

Hurricane EsmeraldaLe guitariste bulgare Niko Tsonev n'est pas un inconnu puisqu'il a longtemps tourné avec le John Young's Lifesigns project avec qui il a enregistré un album live (Live In London - Under The Bridge, 2015). Avant, il avait aussi joué dans le groupe de Steven Wilson et on peut l'écouter sur le double CD live de ce dernier sorti en 2017 (Get All You Deserve, live in Mexico City, 2012). En tout cas, il a dû faire une bonne impression auprès de ses pairs pour avoir pu réunir, dès son premier essai en solo, une telle brochette de talents. Il est en effet entouré par Adam Holzman, fabuleux claviériste de jazz-rock reconverti récemment dans le prog aux côtés de Steven Wilson; le flûtiste et saxophoniste Theo Travis, souffleur omniprésent dans le monde du prog notamment avec Soft Machine Legacy, Robert Fripp, The Tangent et Steven Wilson; et le batteur Craig Blundell actif chez Lonely Robot, Frost* et … Steven Wilson.

Et force est de constater que la mise en place de cet équipage est exceptionnelle. Sur Michelangelo Don't Stop, les quatre musiciens étalent leur virtuosité, encore que ce soit sans aucune complaisance. Ce serait plutôt que ces quatre-là savent jouer aussi bien du rock que du jazz, et que la fusion, avec sa part obligatoire de technique instrumentale, leur est donc naturelle. Il faut toutefois insister sur le fait que cet album n'est pas un disque de jazz-rock et qu'il est d'abord focalisé sur les compositions de Niko Tsonev qui sont l'essence du projet. Une fois ces dernières prêtes, Tsonev les a envoyées à ses partenaires via internet, avec toutes les partitions et les instructions nécessaires. Ce qui lui est revenu était quasiment parfait et contenait plus de morceaux de bravoure qu'il n'en espérait. Comme l'a dit Adam Holzman lui-même : "la musique ressemble à du Genesis croisé avec Walter Brecker et Steely Dan". Chacun a l'occasion de briller à un moment ou à un autre : le solo de Holtzman à la fin de Hurricane Esmeralda est époustouflant, d'autant plus qu'il a été transcrit et doublé note pour note à la guitare par le leader (si vous ne pouvez pas faire mieux que quelqu'un, mieux vaut jouer avec lui) tandis que sur Leon's Experiment, Travis délivre un surprenant solo de flûte au son tellement trafiqué par un panel d'effets spéciaux qu'on reconnaît à peine l'instrument. Quand au batteur, il confirme sa singularité en propulsant toutes les plages par un jeu inventif à la fois souple et musclé. On mentionnera encore Samy Bishai en invité au violon sur le court Helium également magnifié par une partie de flûte plus classique de Theo Travis.

Hurricane Esmeralda n'est toutefois pas non plus un album entièrement instrumental, Tsonev ayant recruté la chanteuse Grog Lisee du groupe Die So Fluid pour trois titres du répertoire. On se contentera d'épingler sa prestation sur The Strength Of A Thousand Year Rose qui est une petite merveille de douceur et d'expressivité dans le style aérien de Karnataka.

Joliment emballé dans un digipack illustré par Brett Wilde, déjà auteur de toutes les pochettes pour Lifesigns, Hurricane Esmeralda est un premier album brillant et moderne qui ne risque pas d'être oublié dans les meilleures sorties prog de cette année 2018. [4/5]

[ Hurricane Esmeralda (CD / Digital) ]
[ A écouter : Michelangelo Don't Stop - Reverend Mum ]

Christiaan Bruin's Inventions : Curiosity (FREIA Music), Pays-Bas, 25 janvier 2018
Curiosity

Christiaan Bruin (chant, tous instruments)
Maartje Dekker (chant sur 6)

1. Pocket Universe (03:09) - 2. The Penrose Steps (03:57) - 3. Curiosity (04:04) - 4. Deep Thought (04:40) - 5. Real Numbers (04:06) - 6. Kites And Darts (03:37) - 7. Through The Needle's Eye (02:51) - 8. The Grand Design (05:20) - 9. The Same River Twice (05:51) - 10. We Are Endless (04:35) - 11. Real Numbers (alternative version) (04:12) - 12. Through The Needle's Eye (alternative version) (05:45) - 13. O Stone, Be Not So (04:04)

MetaCe splendide album a été réalisé par le multi-instrumentiste et chanteur néerlandais Christiaan Bruin (batteur pour Sky Architect et claviériste pour Nine Stones Close). Bruin est en quelque sorte un vulgarisateur en matière musicale qui a choisi de communiquer avec ses fans pour leur expliquer en détail sa manière de composer. Après Meta sorti en 2016, ses dernières productions ont été réunies dans ce second album édité chez Freia Music sous le nom de Curiosity. Sans être du prog selon la définition habituelle qu'on réserve à ce terme, Curiosity offre une musique en demi-teintes qui s'abreuve à différents courants musicaux comme l'ambient, le post-rock, le symphonique et une pop sophistiquée plutôt indéfinissable. On pense parfois à certaines pièces de Brian Eno mais aussi aux titres les plus calmes de Peter Gabriel ou même à Peter Hammill et à sa façon bizarre d'articuler les mots dont Bruin se fait parfois l'écho comme sur Deep Thought. Les compositeurs de musique minimaliste comme Steve Reich et Phillip Glass sont aussi des références évidentes, en particulier sur Real Numbers. Il arrive enfin que l'orchestration prenne soudain de l'ampleur, devenant alors plus cinématographique (The Same River Twice et son interlude néo-classique). Toutefois, globalement, la musique de Curiosity sonne fraîche et même, la plupart du temps, totalement originale.

Egalement très fouillés et poétiques, les textes s'inspirent de considérations philosophiques et mathématiques qui se reflètent dans les titres des plages : Real Numbers, The Grand Design, Pocket Universe et The Penrose Steps qui fait référence à l'escalier impossible représenté par M. C. Escher et inventé par Lionel et Roger Penrose. Les harmonies vocales comme les orchestrations sont splendides et on imagine facilement Mr. Bruin devant son ordinateur travaillant inlassablement ses miniatures pour en modeler le son à la perfection. Il y même des fois où apparemment, il n'a pas su se décider, préférant alors livrer deux versions du même morceau comme Real Numbers et Through The Needle's Eye qui figurent à deux reprises dans le répertoire. Il n'y a guère de solo instrumental dans cet album, seulement des chansons aériennes, la voix chaleureuse de Bruin qui se résume parfois à un murmure, et des orchestrations gracieuses qui se mêlent au chant et l'emportent vers le rêve et l'abstraction. Ce mini-opéra impressionniste est certes quelque chose de différent mais il est irrésistible ! [4½/5]

[ Curiosity sur Bandcamp / Freia Music ] [ Curiosity (CD / Digital) ]
[ A écouter : We Are Endless - Curiosity (Album trailer) ]

Galahad : Seas Of Change (Indépendent / OSKAR), UK, 15 Janvier 2018
Seas Of Change

Stuart Nicholson (chant)
Dean Baker (claviers)
Lee Abraham (gt)
Tim Ashton (b)
Spencer Luckman (Drums)

01. Seas of Change (42:43) - 02. Dust (Extended Edit) (5:57) - 03. Smoke (Extended Edit) (7:14)

Seas Of ChangeCourageux de la part du groupe britannique Galahad de sortir un nouvel album ne comportant qu'un titre unique de 43 minutes. Courageux aussi de replonger complètement dans une musique prog complexe après les chansons en demi-teintes plus conventionnelles de l'excellent Quiet Storms. Courageux encore de choisir comme thème celui du Brexit qui agite et divise l'Angleterre depuis l'annonce de sa séparation avec l'Union Européenne. Précisons d'emblée que Stuart Nicholson ne prend pas parti sur cette épineuse question mais se fait plutôt l'écho des bouleversements sociaux provoqués par ce changement de cap politique osé. En dépit de la pochette évocatrice de Paul Tippett montrant l'enlisement dans un océan déchaîné de la colonne Nelson de Trafalgar Square (symbolisant l'Empire britannique), Il s'agit davantage pour le groupe de commenter un évènement, parfois avec distanciation et humour, que de prendre réellement parti sur un choix dont les conséquences pour le futur restent aussi vagues que redoutées (it seems there'll be interesting times ahead, Another journey into the great unknown...) Il n'empêche que la réalisation d'un album politique, qui globalement disserte sur l'histoire mais n'en raconte aucune, reste une entreprise hasardeuse même si, en 2016, Marillion avait démontré avec un F.E.A.R. impérial que, politique ou pas, quand la musique est bonne, la réussite est au rendez-vous.

Et en ce qui concerne la musique justement, Galahad a encore fait des progrès. Stuart Nicholson chante de mieux en mieux tandis que Lee Abraham, autrefois bassiste du groupe et auteur de quelques albums en solo très réussis (dont le formidable The Seasons Turn), est revenu au bercail comme guitariste, apportant avec lui son inclination pour les belles mélodies et ensemençant les parties instrumentales d'accompagnements agréables à la guitare acoustique ou d'envolées électriques décisives. Si l'on excepte l'introduction avec ses bruitages et ses parties narratives extraites de films, nécessaire pour mettre l'auditeur dans l'ambiance, les onze autres sections sont imbriquées avec un naturel qui n'a d'égal que le soin apporté aux arrangements. Ces derniers sont redevables au petit génie du groupe, le claviériste omniprésent Dean Baker, qui en plus de jouer du piano et autres claviers (orgue, Moog, mellotron), assure un enrobage électronique des plus subtils à l'aide de séquenceurs ainsi qu'une somptueuse orchestration incluant des chœurs. Le tout est tellement efficace qu'on a parfois le sentiment d'écouter une bande sonore de film. C'est d'autant plus vrai que la production est d'une clarté exemplaire, Karl Groom, le leader talentueux de Threshold ayant une nouvelle fois mis son oreille et sa science au service de Galahad. En plus, Sarah Bolter vient aussi à l'occasion renforcer les textures par des parties de flûte, de clarinette et de saxophone soprano, ce qui rehausse encore l'impact de la musique.

Comme on pouvait s'y attendre, cette longue pièce est à géométrie variable, offrant des tableaux sonores variés allant de passages mélodiques à des moments plus telluriques en passant par quelques digressions néo-classiques sans pour autant que la cohérence de l'ensemble ne soit mise en péril. En fait, certaines sections de cette suite auraient pu constituer des chansons individuelles remarquables. On s'en convaincra en écoutant les deux titres, Dust et Smoke livrés en bonus sur le CD, qui ne sont que des extraits de la suite, édités et étendus pour les rendre plus écoutables individuellement : Dust en particulier est une composition mémorable qui compte parmi ce que Galahad a réalisé de meilleur.

Bref, tout en s'inscrivant dans la glorieuse histoire des longs morceaux épiques, Seas Of Change remet en lumière un groupe qui nous avait jadis donné l'inoubliable Empires Never Last et qui, au fil des albums, a su apporter son lot d'innovation au néo-prog classique dont il est issu. Voici en tout cas de quoi démarrer l'année musicale 2018 sur de bonnes vibrations. [4/5]

[ Seas of Change (CD / Digital) ]
[ A écouter : Seas Of Change (sampler) ]


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