Rock progressiste : les Nouveautés 2024 (Sélection)



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Tom Penaguin : Tom Penaguin (áMARXE), 2024
Tom Penaguin : Tom Penaguin
1. The Stove Viewpoint Introduction (2 :44) - 2. Housefly Leg (14 :26) - 3. Aborted Long Piece No2 (3:35) - 4. Arrival of the Great Hedgehog (9:16) - 5. The Stove Packed Up and Left (7:29)

Tom Penaguin (tous les instruments, compositions)


Avec sa devise « Musique d’un futur trop lointain », le petit label espagnol áMARXE est le refuge d’étonnantes musiques progressives et expérimentales comme on les aime : citons entre autres Amoeba Split et Rascal Reporters dont les disques ne sont pas passés inaperçus l’année dernière. En voici maintenant un autre par Tom Penaguin, un guitariste / claviériste basé en France qui officie dans les groupes de rock Djinn et Orgöne. La pochette, qui montre le guitariste jouant dans les bois, a quelque chose de psychédélique qui en rappelle d’autres illustrant des classiques du rock des 60’s ou des 70’s comme Caravan ou Traffic. Avant de l’écouter, on imagine déjà que cette époque charnière sera la référence de cette musique !

Débutant par un collage de bruits divers, The Stove Viewpoint est une introduction au morceau suivant, Housefly Leg, qui déboule sans interruption avec ses longs développements expérimentaux et un son vintage qui ne trompera personne : c’est bien la scène de Canterbury avec ses représentants légendaires, comme Hatfield and the North, National Health, Egg ou In Cahoots (Phil Miller) sans oublier le mémorable groupe italien Picchio Dal Pozzo, qui est célébrée ici. Solos d’orgue, de guitare et de basse se succèdent avec un son analogique typique, un peu acide mais chaleureux et qui n’a rien à voir avec le jazz-rock et la fusion froide et synthétique des années 80. Plus concis, Aborted Long Piece No2 a une drôle de mélodie un peu baroque à la Mike Oldfield qui retient l’attention. Arrival of the Great Hedgehog vaut surtout par son long solo angulaire de guitare qui va crescendo en dérivant sur un tapis rythmique ondulant continuellement tels les rouleaux d’une mer démontée. L’album se referme sur The Stove Packed Up and Left, un autre morceau typiquement « Canterbury », quelque part entre Soft Machine et Caravan, qui se fond en finale dans d’autres bruitages enregistrés en extérieur où prédominent des chants d’oiseaux.

Même si quelques parties chantées auraient sûrement agrémenté ces compositions purement instrumentales, les fans des groupes précités trouveront quand même ici largement de quoi se réjouir. Voici un album prometteur avec une qualité suffisante pour suggérer que son créateur connaîtra un bel avenir ! [4/5]

[ Chronique de P. Dulieu ]

[ Tom Penaguin sur Bandcamp ]
[ A écouter : Arrival of the Great Hedgehog - The Stove Packed Up and Left ]


Steve Roach & Robert Rich : Waves of Now (Soundquest Music), 2024
Steve Roach & Robert Rich : Waves of Now
1. Robert Rich - Filaments (4:30) - 2. Robert Rich - Vetiver (5:44) - 3. Robert Rich - Protista Mephista (6:30) - 4. Robert Rich - Elevate the Hive Mind (7:29) - 5. Robert Rich - Galvanic Response (8:15) - 6. Robert Rich - Dendritic (4:45) - 7. Steve Roach - Spirals of Compassion (9:45) - 8. Steve Roach Feat. Robert Rich - Spirals of Desire (4:19) - 9. Steve Roach - Spirals of Yearning (14:35) - 10. Steve Roach - Before We Leave (4:55) - 11. Steve Roach - Robert Rich - LightBorn (10:42) - 12. Steve Roach - Robert Rich - The Fearless Embrace (5:34) - 13. Steve Roach - Robert Rich - Tanguy's Garden (7:13) - 14. Steve Roach - Robert Rich - Soma Waves (8:05) - 15. Steve Roach - Robert Rich - Luna Waves (11:20) - 16. Steve Roach Feat. Robert Rich - Horizons (10:43) - 17. Steve Roach - Robert Rich - Waves of Now Part 1 (01:10:50) - 18. Steve Roach - Robert Rich - Waves of Now Part 2 (53:38)

Steve Roach (compositions, synthés) ; Robert Rich (compositions, synthés)


On a parfois l’impression que la plupart des disques électroniques / ambiant qui sortent aujourd’hui ne sont que des variations de ce qui a déjà été fait à de multiples reprises dans le passé. C’est peut-être dû aussi aux innombrables disques proposés chaque mois par des noms souvent obscurs et parfois interchangeables qui squattent une plateforme comme Bandcamp. Pourtant le genre a ses chefs-d’œuvre dont les compositeurs ont réussi à se faire un nom même si n’est pas Klaus Schulze, Edgar Froese, Brian Eno ou Ian Boddy qui veut. Toutefois, Steve Roach et Robert Rich font incontestablement partie de ces créateurs originaux qui parviennent à distiller du rêve au travers de leurs machines.

L’Américain Steve Roach est loin d’être un inconnu. Non seulement, il a sorti une centaine d’albums sous son seul nom - sans inclure ses innombrables collaborations avec d’autres artistes - mais il a été nominé deux fois aux Grammy Awards, la première fois avec Spiral Revelation en 2017 et la seconde avec Molecules of Motion en 2018, tous deux dans la catégorie « meilleur album New-Age de l’année ». Quant à l’Anglais Ian Boddy, depuis son premier LP en 1983 (The Climb), il a également enregistré un nombre impressionnant de disques de musique électronique qui, depuis 1999, sont tous édités sur le prestigieux label DIN qu’il a fondé cette année-là.

Waves of Now présente ces deux artistes réunis lors d’un concert enregistré au Club Congress à Tucson (Arizona) le 5 décembre 2023. Certains titres comme Filaments, Vetiver ou Dendritic, issus d’albums antérieurs, ont été joués en solo par Robert Rich et d’autres comme Spirals of Compassion par Steve Roach seulement. La deuxième partie du concert est interprétée en duo, culminant avec des extraits des splendides albums Soma et Strata sortis par les deux complices en 1990. La musique électronique évoque alors des astres mystérieux à la flore et à la faune improbables, orbitant autour d’une lointaine étoile ou issues de mondes intérieurs. Waves of Now est une expérience émotionnelle fascinante, à vivre en immersion totale, le casque bien rivé sur les oreilles. [4/5]

[ Chronique de P. Dulieu ]

[ Waves of Now sur Bandcamp ]
[ A écouter : Dendritic - Soma waves ]


Adrian Lane : Vignettes (Whitelabrecs), UK 2024
Adrian Lane : Vignettes
1. First Light (1:43) - 2. On Many Solemn Nights (2:18) - 3. Open Road Stepping Stones (2:30) - 4. For That Brief Moment (1:12) - 5. Building Blocks as the Snow Heaps Up (1:47) - 6. I Hung the Moon on Various Branches (2:12) - 7. Like a Letter Read Many Times (2:20) - 8. I'm Seeing the Blue Sea (1:54) - 9. On New Years Day a Pale Blue Sky (1:29) - 10. Under Piled Up Snow (1:58) - 11. Everywhere Spring Rain (2:36) - 12. The Field Path (3:33) - 13. The Bracing East Wind (2:18) - 14. Inhaling and Exhaling (2:12) - 15. My Footsteps on the Field Where Evening Has Died Out (1:44) - 16. An Engraved Offering (3:39) - 17. All Forests Paths (3:28) - 18. In the Light of Torches (4:08)

Adrian Lane (tous les instruments, compositions, production, art)


Originaire de Southend (Essex) au Royaume-Uni, le compositeur, artiste plasticien et musicien Adrian Lane crée des œuvres instrumentales néo-classiques, de la musique "ambient" et des peintures abstraites réalisées selon des techniques hybrides dont certaines se retrouvent sur les couvertures de ses albums. Avec un parcours musical qui comprend 13 disques, Adrian Lane a eu le temps de perfectionner son art. Inspiré par des musiciens comme Arvo Pärt, Philip Glass, Steve Reich et Ryuichi Sakamoto, il combine instruments acoustiques, cordes et synthés pour créer des pièces nostalgiques possédant une grande puissance expressive. Environ la moitié des dix-huit morceaux du répertoire de ce nouvel album ont été conçues pour un piano tandis que l’autre moitié est basée sur un quatuor à cordes. Cette oscillation entre ces deux approches ajoutée aux splendides contrepoints de la musique crée un dynamisme sonore qui force l’attention en évitant ennui et répétition. Comme le titre Vignettes l’indique, les pièces, dont la durée moyenne est d’environ deux minutes, sont conçues comme des instantanés évocateurs, des estampes musicales réunies tels des « haiku » sonores dans un album de souvenirs. Cette musique s’harmonise intégralement avec les images, créalisées par Adrian Lane, qui ornent les panneaux de la pochette. Vignettes est un bel outil pour méditer ou parcourir en rêve des mondes imaginaires. [4/5]

[ Chronique de P. Dulieu ]

[ Vignettes sur Amazon (*) ] [ Vignettes sur Bandcamp ]
[ A écouter : First Light - On Many Solemn Nights ]


Viima : Väistyy Mielen Yö (Autoproduction), Finlande, janvier 2024
Viima : Väistyy Mielen Yö
1. Tyttö Trapetsilla (4:42) - 2. Äiti Maan Lapset (18:50) - 3. Pitkät Jäähyväiset (6:38) - 4. Perhonen (6:45) - 5. Vuoren Rauha (7:37)

Risto Pahlama (chant, claviers, mellotron) ; Hannu Hiltula (flûte, claviers, chant, chœurs) ; Aapo Honkanen (basse) ; Mikko Uusi-Oukari (guitare, mellotron) ; Mikko Väärälä (drums, chant, claviers)


Fondé vers 1999 autour du multi-instrumentiste Mikko Uusi-Oukari, le groupe finlandais Viima (Vent) a connu plusieurs changements de line-up, enregistrant finalement assez peu puisque Väistyy Mielen Yö n’est que leur troisième album qui sort cinq années après le précédent. Préservant le style prog-folk de leur début, cette nouvelle autoproduction confirme malgré tout une réelle identité de groupe qui s’abreuve aussi bien à un goût de la mélodie, très en vogue dans les pays scandinaves, qu’à un rock progressif vintage tel qu’on le concevait dans les années 70. L’utilisation au cœur des textures d’un mellotron et d’un orgue Hammond renforce le côté rétro qui convient particulièrement bien à ce genre de musique. En plus, sur la chanson en ouverture, la plus courte de l’album, une flûte traversière jouée avec beaucoup d’entrain vient rappeler un certain Ian Anderson.

Le programme comprend comme il se doit un vrai titre épique de près de 19 minutes. Composé de diverses sections, ce morceau fait souvent rêver avec des passages aériens et mélancoliques mais inclut aussi des moments plus dramatiques ou énergiques avec des chorus mordants de guitare électrique et même un épisode marqué par un rythme tribal qui renvoie à une fête païenne. Les trois dernières chansons sont également très réussies, en particulier le pastoral Vuoren Rauha (La paix de la montagne) et le nostalgique Perhonen (Papillon) qui raconte les tribulations du lépidoptère que l'on voit sur la pochette et qui se termine par une phrase poétique reprise comme intitulé du disque : « Väistyy Mielen Yö / L'obscurité de l'esprit se dissipe ».

Grâce à la variété de la musique, le disque s’écoute d’une traite avec plaisir. Le chanteur Risto Pahlama a une voix claire et bien articulée qui peut à l'occasion laisser perler de l'émotion, et le fait qu’il chante en finnois titille l’imagination tout en invitant l’auditeur à parcourir les traductions en anglais reprises dans le livret du compact ou sur le website du groupe. Cet album qui plaira aussi aux fans d’un certain rock progressif italien - Eris Pluvia et Ancient Veil entre autres - mérite assurément sa place dans toute discothèque prog de qualité. [4/5]

[ Chronique de P. Dulieu ]

[ Väistyy Mielen Yö sur Amazon (*) ] [ Väistyy Mielen Yö sur Bandcamp ]
[ A écouter : Tyttö trapetsilla - Perhonen ]


Neal Morse : The Restoration – Joseph: Part Two (Frontiers Records), USA, 12 janvier 2024
Neal Morse : The Restoration – Joseph: Part Two
1. Cosmic Mess (06:10) - 2. My Dream (02:39) – 3. Dreamer in the Jailhouse (05:52) – 4. All Hail – (06:47) – 5. The Argument (02:13) – 6. Make Like a Breeze (04:09) – 7. Overture Reprise (00:54) - 8. I Hate My Brothers (04:25) – 9. Guilty as Charged (04:48) – 10. Reckoning (03:10) – 11. Bring Ben (02:42) – 12. Freedom Road (05:29) – 13. The Brothers Repent Joseph Revealed (07:41) – 14. Restoration (04:26) – 15. Everlasting (05:54) – 16. Dawning of a New Day (God Uses Everything for Good) (07:40)

Neal Morse (guitare, claviers, batterie, chant) ; Alan Morse (guitare, chœurs) ; Bill Hubauer (claviers, chœurs) ; Eric Gillette (guitare, chœurs) ; Gabe Klein (claviers, batterie) ; Gideon Klein (basse) + Invités


Cinq mois avant ce disque, Neal Morse avait livré une nouvelle production épique (The Dreamer - Joseph: Part One) racontant à sa manière les aventures bibliques et l’ascension sociale de Joseph telle qu’elle est relatée dans Le Livre de la Genèse. Ce second album (The Restoration - Joseph: Part Two) complète et termine ce récit en gardant la même approche artistique que le premier (pochette similaire, même nombre de plages, style analogue de composition dans la tradition du rock-opéra, intervention de différents chanteurs…). Si les disques de Neal Morse conservent globalement une qualité qui ne saurait être prise en défaut, ça fait aussi bien longtemps qu’il ne se réinvente plus, livrant au fil des ans des projets sans surprise qui satisfont les fans sachant d’avance ce qu’ils vont y trouver. Et c’est bien sûr encore le cas ici. Mêlant rock chrétien, textures sophistiquées, mélodies addictives et passages instrumentaux variés dans la tradition du rock progressiste symphonique, la musique est souvent fière et bénéficie de la présence d’artistes invités, incluant Ted Leonard (Spock’s Beard), Ross Jennings (Haken) et Jake Livgren (Proto-Kaw, Kansas), qui se sont partagés les rôles de cette superproduction. Certaines chansons accrochent (Dreamer in the Jailhouse en particulier) tandis que d’autres (Dawning of a New Day) donnent l’impression d’avoir déjà été entendues des dizaines de fois. The restoration est évidemment indispensable pour ceux qui ont acquis et apprécié le premier volet de l’histoire de Joseph et plaira certainement aux amateurs qui n’aiment pas trop les surprises ainsi qu’aux nouveaux venus qui ne connaissent pas encore très bien l’œuvre du prolifique Neal Morse. Les autres peuvent éventuellement faire l’impasse sur ces deux dernières productions et réécouter à la place Testimony, One, Question Mark ou Soli Scriptura : au niveau musical, l’essentiel s’y trouvait déjà… [3/5]

[ Chronique de P. Dulieu ]

[ The Restoration sur Amazon (*) - The Dreamer sur Amazon (*) ]
[ A écouter : Dreamer In The Jailhouse ]

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