Jazz & Blues International (7) : Guitar Stories


Ces clichés historiques, collectés sur Internet ou dans des magazines, ont été pris par divers photographes
dont les noms, quand il a été possible de les retrouver, sont indiqués sous chaque image


- Volume VII -


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Charlie Christian et sa Gibson ES-150

Charlie Christian jouant sur sa Gibson ES-150, Waldorf Astoria de New York, octobre 1939

"En 1936, la firme Gibson sortit la « ES-150 », la première guitare électrique produite à large échelle. Comme s'il attendait ce moment au bout de la chaîne de production, le guitariste Eddie Durham s'en acheta une immédiatement et fut ainsi le premier musicien à enregistrer un solo de guitare électrique. Il en parla à son ami Charlie Christian qui s'en procura une également et qui l'imposa comme un instrument pour soliste capable de tenir tête aux cuivres. Grâce à sa ES-150 et à l'ampli EH-150 qui allait avec, Charlie enregistra des morceaux comme Air Mail Spécial et Solo Flight qui, en pavant la route pour des Tal Farlow ou des Wes Montgomery mais aussi des premiers rockers qui n'apparaîtront que 15 ans plus tard, marquèrent d'une pierre blanche l'évolution de la guitare dans la musique populaire. Charlie la gardera pendant trois ans avant de passer à la ES-250, un modèle déjà nettement supérieur introduit par Gibson en 1939. L'histoire était en marche ! Et il n'y a guère de guitariste américain aujourd'hui, aussi moderne soit-il, qui ne cite Charlie Christian comme sa toute première influence."


Memphis Minnie et sa National New-Yorker

Memphis Minnie et sa National New-Yorker, vers 1938, photo promotionelle Vocalion

"Née en 1897, Memphie Minnie jouait déjà au coin des rues de Memphis à l'âge 13 ans. Elle fut parmi les premiers artistes de blues à utiliser une guitare électrique. Minnie jouait, dit-on, aussi bien et aussi fort que les hommes qu'elle savait à l'occasion, tout en mâchant du tabac, remettre à leur place. On sait aussi qu'elle gagnait des tournois auxquels participaient des pointures comme Big Bill Broonzy et Muddy Waters. Son instrument de prédilection était une guitare National New-Yorker Spanish Electric des années 30, une des premières à être fabriquées. Une de ses particularités était de ne pas avoir d'orifices (ouïes) sur la table d'harmonie et elle était munie d'une plaque de protection avec un grand N pour "National" qui la rendait très reconnaissable. Cet instrument qui pava la voie aux futures guitares électriques modernes a été baptisée "Memphis Minnie" d'après celle qui l'utilisait quasi exclusivement avec une belle dextérité."


Django jouant sur une Maccaferri

Django Reinhardt jouant sur une Selmer Maccaferri modifiée / Guitare Selmer Maccaferri de 1932

"Cette guitare est une Selmer Maccaferri Orchestra. Produite pour la première fois en 1932 par la firme française Selmer, elle doit sa forme bizarre au fait qu'elle a été sculptée spécialement pour abriter un résonateur interne conçu par un luthier italien nommé Mario Maccaferri. Dotée d'une projection sonore très efficace, elle a été coupée de façon inédite pour l'époque de manière à permettre au musicien d'atteindre les frettes jusqu'en haut du manche tandis que sa large rosace en forme de D qui lui donne un air art-nouveau lui a valu le surnom de « Grande Bouche ». En raison d'une dispute entre Henri Selmer et Maccaferri, leur collaboration ne dura que 18 mois et des changements importants furent apportés au modèle original qui aboutiront à la création en 1936 d'une nouvelle guitare : la Selmer Modèle Jazz. Depuis les débuts de sa carrière et jusqu'à sa mort en 1953, Django Reinhardt a utilisé des guitares Selmer qui ont largement contribué à définir le son du « jazz manouche »."


Ralph Towner

Ralph Towner (photo Caterina di Perri / ECM Records)
Une guitare Classique Jeffrey Elliott/Cyndy Burton de 1996 construite selon les mêmes spécifications que celle de Ralph Towner en 1995


"Dans un univers dominé par l'électricité, Ralph Towner a préféré jouer toute sa vie en acoustique. Si la guitare classique reste son instrument principal, il a aussi utilisé des guitares 12 cordes et baryton. Selon son biographe B. Kimberly Taylor, « l'influence de Bill Evans a été canalisée par le biais de la guitare au lieu du piano, et Towner joue de la guitare de manière pianistique, transcendant l'instrument d'une manière qui le fait sonner comme un petit orchestre.» Son instrument préféré est une guitare classique de 1995, construite dans du bois de rose des Indes orientales et de l'épicéa européen par les luthiers américains Jeffrey Elliott et Cyndy Burton, qu'il a décrite comme « la guitare la plus parfaitement équilibrée que j'aie jamais jouée ». Fidèle à ses principes acoustiques, Towner n'a jamais installé de micro dans l'Elliott-Burton, préférant capter sa sonorité via un microphone externe."


Larry Carlton et sa Gibson 335

Larry Carlton, photographié à deux époques différentes mais jouant dans les deux cas sur une Gibson ES-335
(Photo promotionelle / Non crédité).


"Guitariste de session invité à jouer toutes sortes de musiques, Larry Carlton a opté très tôt pour une guitare au son bien plein et clair pouvant être utilisée dans des contextes jazz, rock ou blues. C'est ainsi qu'en 1969, dans un petit magasin qui en possédait trois exemplaires accrochés au mur, il acheta sa première Gibson ES-335, modèle 1968 sunburst. Plus tard, la marque en fit des copies à l'identique qui furent baptisées la "Carlton Burst." C'est une Gibson 335 qu'on entend sur quasiment tous les grands titres enregistrés par Larry sur ses propres albums ou sur ceux des artistes à qui il a loué ses services comme Joni Mitchell, les Crusaders, Steely Dan, Ben Sidran, Donald Fagen … Au fil du temps, Larry Carlton a d'ailleurs reçu le surnom de "Mr. 335" tandis que l'une de ses compositions emblématiques, sur laquelle sa guitare raccordée à un ampli Mesa Boogie a le son qui le caractérise le mieux, s'intitule "Room 335"."


Sister Rosetta Tharpe et sa Gibson L-5

Sister Rosetta Tharpe et sa Gibson L-5 en décembre 1940 au Cafe Society de New York. Photo de Charles Peterson

"Née en 1915 dans une plantation de coton dans l'Arkansas, Rosetta Tharpe chantait et jouait déjà de la guitare dans les églises à l'âge de 4 ans : on peut difficilement faire plus précoce ! Et quand elle est partie à Chicago et ensuite à New York avec sa mère évangéliste, elle a continué à explorer sa six-cordes. En 1938, celle qu'on appelait désormais Sister Rosetta Tharpe enregistra ses premiers titres, dont Rock Me, pour Decca et, à partir de là, son style rock'n'roll, qui influencera plus tard Chuck Berry et Elvis Presley, fit lever les sourcils des membres de sa congrégation. Elle a joué sur plusieurs guitares mais sa préférée est restée longtemps une bonne grosse Gibson L-5 d'avant-guerre, reconnaissable notamment à la forme de ses ouïes, son « pot de fleur » en nacre sur la tête et à ses imposants rectangles nacrés sur le manche. Ainsi armée, elle teintait son gospel de blues et de rock, chantait en coupant ses phrases de riffs sauvages et faisait s'envoler le toit de la chapelle au-dessus des ouailles toutes décoiffées."


Pee Wee Crayton et sa Fender Stratocaster

Pee Wee Crayton et sa Fender Stratocaster. Photo promotionnelle

"En 1954, on ne sait trop pour quelle raison, Pee Wee Crayton s'est vu offrir par Leo Fender une splendide Stratocaster rouge, dont la couleur dit-on était inspirée de celle des Cadillac de l'époque, ainsi qu'un ampli Fender "Tweed Twin". Pee Wee Crayton devint ainsi le premier bluesman à poser avec une Strat sur une pochette d'album à l'intérieur de laquelle se trouvait un disque où l'on pouvait écouter des licks de guitare qui, repris par d'autres, allaient bientôt faire le succès international de la marque. Aujourd'hui, Pee Wee Crayton fait partie de l'histoire de la célèbre firme américaine tandis que sa Strat rouge est devenue une pièce de musée."


Steve Howe et sa Gibson ES-175D

Steve Howe et sa Gibson ES-175D
(Photo de Steve Howe : Rob Shanahan, The Gibson Archtop Bible)


"De toutes les guitares qu'il a accumulées au cours de sa vie professionnelle, la préférée de Steve Howe reste sa Gibson ES-175D qu'il a achetée à Londres en 1964 (ES pour Electric Spanish et 175 parce qu'elle coûtait 175 $ en version standard à son lancement.) Une archtop comme celle-ci était un instrument prisé des jazzmen mais pas des rockers or, à l'époque, Steve Howe était surtout fasciné par Kenny Burrell et Wes Montgomery et ne jouait pas encore dans un groupe de rock. Plus tard, au sein de Yes, cette Gibson lui apportera une sonorité particulière un peu jazzy. Steve Howe a pris l'habitude de l'emmener avec lui en tournée mais avec toutes les précautions d'usage. Il la bichonne comme un bébé et en avion, il lui achète une place pour qu'elle voyage à côté de lui. Contrairement à d'autres instruments qui finissent par être marqués par le temps et l'usage, la Gibson ES-175D de Steve Howe, outre quelques réparations et modifications mineures, est restée quasiment dans son état flamboyant d'origine depuis plus de 55 années."


George Benson et sa D'Angelico New Yorker

George Benson en 2008 avec sa D'Angelico New Yorker, photo de Vincent J. Ricardel
Une D'Angelico New Yorker ayant appartenu à George Benson exposée au MET de New York (MET)


"John D'Angelico ouvrit son atelier en 1932 dans Little Italy à Manhattan. Aidé par deux ouvriers, il se mit à fabriquer à la main des guitares « archtop » dont la réputation devint rapidement équivalente à celles produites par la toute-puissante compagnie Gibson. La plus célèbre de ses guitares est la « New Yorker » qu'on reconnaît facilement à son incrustation en nacre sur la tête de l'instrument qui représente de façon stylisée le New Yorker Hotel. Construit en 1929, ce bâtiment représentatif de la ville fut en effet choisi par John D'Angelico comme inspiration pour sa guitare art-déco haut de gamme. A sa mort en 1964, à l'âge de 59 ans, John D'Angelico avait fabriqué un total de 1.164 guitares dans son atelier. Parmi celles-ci, les New-Yorker construites à partir de 1955 jusqu'à sa mort sont les plus activement recherchées. George Benson joua et enregistra sur une D'Angelico New-Yorker dans les 70's et c'est son exemplaire qu'on peut voir exposé au Metropolitan Museum of Art de New York."


Roy Buchanan et sa Fender Telecaster Nancy

Roy Buchanan et sa Fender Telecaster Nancy photographié live au Paradiso, Amsterdam, 1985
Vinylmeister / Flickr (CC BY-NC 2.0)


"Roy Buchanan joua toute sa vie sur une Telecaster fabriquée en 1953 dans l'usine de Fullerton en Californie, qu'il avait baptisée "Nancy". Contrairement à d'autres qui furent abîmées au fil du temps, la guitare de Roy est restée quasiment intacte malgré les innombrables concerts où elle fut utilisée. En dépit de sa maîtrise de l'instrument qui lui valut le surnom de "Telemaster", Roy Buchanan restera, selon un phrase restée célèbre d'un documentaire de 1971 : "le meilleur guitariste inconnu du monde." Souffrant d'une addiction à l'alcool et déprimé par le manque de reconnaissance, Roy Buchanan mena une vie compliquée. En 1988, il fut arrêté à Fairfax County en virginie pour esclandre sur la voie publique et emmené en prison. Au petit matin, on le retrouva pendu dans sa cellule avec sa propre chemise. Même si un de ses amis a rapporté avoir vu le corps de Roy avec des ecchymoses à la tête, Le verdict officiel fut le suicide. Quant à Nancy, elle existe toujours et est actuellement exposée au musée de Fullerton. (Photo : Roy Buchanan et sa Fender Telecaster Nancy)."




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