Jazz & Blues International (8) : Guitar Stories


Ces clichés historiques, collectés sur Internet ou dans des magazines, ont été pris par divers photographes
dont les noms, quand il a été possible de les retrouver, sont indiqués sous chaque image


- Volume VIII -


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Big Bill Broonzy et sa Gibson Style '0' Artist

Big Bill Broonzy et sa Gibson Style '0' Artist (collection Frank Driggs)

"Cette photographie issue de la collection de Frank Driggs, producteur de Columbia records, montre le bluesman Big Bill Broonzy avec une rare guitare Gibson Style '0' Artist. Elle fut introduite en 1903 et, avant le look classique de la L-5 et de ses descendantes, elle constituait le haut de gamme de la marque. Son ouverture ovale (qui explique le "style O"), sa drôle de coupe et sa boucle élaborée en forme de corne rendent cette guitare très caractéristique. Elle ne fut pas aussi populaire que la L-4 au design plus conventionnel et au prix plus abordable, aussi, Gibson arrêta sa fabrication dès 1923. On dit que Big Bill Broonzy en possédait une et qu'il en jouait parfois mais il est possible aussi que cet instrument onéreux lui ait été prêté uniquement le temps de cette photo."


Barney Kessel avec sa Gibson en concert au Jazz Mill en 1954

Barney Kessel avec sa Gibson en concert au Jazz Mill en 1954 (Photo : Phyllis Kessel Collection)

"Produite en 1947 dans les ateliers Kalamazoo du Michigan, la Gibson ES-350 fut la première guitare électrique avec un pan coupé. Elle fut presque instantanément adoptée par Barney Kessel dont la plupart des photos des années 50 et 60 le montrent avec un modèle sobre couleur de tabac. Mais Barney était un bricoleur et il a continuellement apporté des modifications à son instrument, remplaçant notamment le chevalet et les boutons des potentiomètres mais aussi le micro P90 d'origine par un micro de 1939 identique à celui utilisé jadis par son idole Charlie Christian. Pour une obscure raison, le guitariste entra en conflit avec la firme Gibson dans les années 60 et a déclaré que s'il aimait l'instrument, il n'était en aucune façon lié à la marque. Pour appuyer ses dires, il a même peint le nez de sa guitare, faisant ainsi disparaître le logo « Gibson » et la fameuse couronne incrustée. Guitariste de jazz avant tout, Barney était aussi un requin de studio qui participa anonymement à beaucoup de disques de rock : on peut entre autres l'écouter sur le fameux Pet Sounds des Beach Boys pour lequel il avait la charge du département « guitares »."


Robert Johnson et sa Gibson L-1 acoustique

Robert Johnson et sa Gibson L-1 acoustique "Flat Top" (photo : Hook Brothers, Memphis, 1935)

"Il existe trois photos certifiées du guitariste de blues Robert Johnson dont la plus célèbre est celle qui le montre en studio en train de jouer sur une guitare. Elle a été prise en 1935 par les Hook Brothers à Memphis, Tennessee. La guitare de Robert Johnson est une Gibson L-1 acoustique "Flat Top". Ce modèle bas de gamme de taille réduite mais avec un gros manche est apparu en 1926 et a été produit jusqu'en 1937. Vendue pour 50 US$, elle était prisée des bluesmen qui pouvaient s'offrir la qualité Gibson à un prix très abordable. C'est elle qu'on entend sur les 29 chansons légendaires et les 12 prises alternatives enregistrées par Johnson en 1936 et 1937. Pour répondre à la demande des fans désireux de jouer comme Robert Johnson, La firme Gibson a ressorti il y a quelques années une version "tribute" de sa Gibson L-1 de 1928 qui reproduit toutes les caractéristiques de l'instrument original … sauf le prix qui a été fixé à 4.255 USD."


Joe Pass avec sa Gibson ES-175 en concert en 1974

Joe Pass avec sa Gibson ES-175 en concert en 1974 / Photo : Hans Bernhard (CC BY-SA 3.0)

"Joseph Passalaqua connut un début de carrière compliqué à cause de son addiction à la drogue qui le conduisit dans un centre de désintoxication californien nommé Synanon où il resta trois ans. A cette époque, vers 1961, Joe jouait sur une Fender Jazzmaster, une guitare solid body (à caisse pleine) qui lui avait été prêtée par l'établissement mais qui convenait mieux aux musiciens de « surf-rock ». Mais en 1963, un mélomane un peu mécène qui appréciait son jeu lui offrit une splendide Gibson ES-175, une guitare électrique qui, depuis son introduction en 1949, a fait le bonheur de musiciens de jazz comme Kenny Burrell, Wes Montgomery ou Jim Hall. On la reconnaît facilement à sa table galbée (archtop) pourvue de deux ouïes étroites en forme de « f », à sa découpe florentine pointue qui facilite l'accès aux notes les plus aigües, à son manche avec une touche de palissandre incrustée de blocs de en nacre en forme de « double parallélogramme », à sa plaque de protection typique de la marque et, enfin, à ses deux micros associés à quatre boutons de réglage et à un sélecteur à trois positions. Joe Pass jouera sur d'autres guitares à partir de 1970, dont des d'Aquisto et des Ibanez, mais il est notoire que la ES-175 est restée son instrument préféré. Il l'utilisait par exemple encore en 1992 (dans une version modifiée à un seul micro) lors d'un concert au Jazz Baltica en solo et en duo avec Niels-Henning Orsted Pedersen et pour beaucoup de connaisseurs, le son qu'il avait ce jour-là est l'un des plus beaux de toute sa carrière."


Robert Cray et sa Stratocater Inca Silver

Robert Cray et sa Fender Stratocater "Inca Silver" de 2003

"S'il y a un guitariste qu'on ne voit jouer que sur une Fender Stratocater, c'est bien Robert Cray. Né à Colombus (Géorgie) en 1953, Robert est devenu un guitariste accompli dès l'adolescence, fixant dès le départ son choix sur la Strat qui restera son instrument de prédilection. Le son clair et fluide, immédiatement reconnaissable, de Robert Cray est dû à sa guitare mais aussi à divers choix personnels. D'abord, il joue la plupart du temps avec le pouce, sans plectre. Ensuite, il n'emploie pas de pédales d'effets électroniques, juste sa guitare, dont il a même retiré le bras de vibrato pour lui inutile, branchée dans une tête d'ampli Matchless Clubman et un ampli Fender Vibro-King. L'émotion, c'est avec ses doigts qu'il la fait naître de façon naturelle et organique même s'il n'est pas contre un peu de trémolo à l'occasion quand il veut accentuer le côté rétro de sa musique. En tout cas, la sonorité pure de sa Strat et son style vintage ont fait merveille : il a engrangé cinq Grammy Awards, 15 nominations et vendu plus de 12 millions de disques. Et, bien sûr, Fender lui a dédié en 2003 une Strat signature de couleur « Inca Silver » aussi simple, belle et efficace que l'épée du roi Arthur."


Julian Lage et sa guitare archtop Manzer

Julian Lage et sa guitare “archtop” Manzer / Photo de Jimmy Katz pour l'album Sounding Point de 2009

"Né en 1987, Julian Lage fut un enfant prodige découvert à l'âge de 12 ans par le vibraphoniste Gary Burton qui le guidera dans sa carrière et l'engagera dans son nouveau quartet. Si Julian joue aujourd'hui sur différents modèles, sa première grande guitare fut une Manzer. Elle lui fut offerte alors qu'il n'avait que onze ans par la luthière canadienne Linda Manzer, réputée pour les guitares qu'elle a construites pour Pat Metheny dont la fameuse Pikasso à 42 cordes. C'est avec une Manzer Buenote, une superbe archtop 16" de couleur ambre avec garnitures en ébène, faite entièrement à la main, que Julian a étudié et développé son style tout en se faisant connaître des plus grands comme Gary Burton, Charles Lloyd, John Abercrombie, Herbie Hancock et d'autres. Et c'est également avec elle qu'il a enregistré à l'âge de 21 ans son premier album, Sounding Point, pour EmArcy sur la pochette duquel on le voit jouer sur son bel instrument laminé dont la table est en érable pommelé. Comme il l'a dit lui-même dans une interview : « la Manzer fut la fondation de toutes mes études en tant que guitariste de jazz et elle a occupé une grande partie de mon voyage personnel »."


Albert King en 1962 avec sa Flying « Korina » V de 1958

Albert King en 1962 avec sa Flying « Korina » V de 1958 (Photo de Baron Wolman)
A noter qu'Albert jouait en gaucher sur une guitare pour droitier, donc avec la corde la plus fine en haut
ce qui lui permettait, selon ses propres mots, de tirer les cordes plus fort vers le bas pour des sons inédits.
La première Flying V d'Albert est aujourd'hui la propriété de l'acteur et collectionneur Steven Seagal.


"Quand la Gibson Flying V est sortie en 1958, elle n'eut guère de succès : personne n'était prêt à l'époque pour un design aussi bizarre inspiré par les ailes d'un jet. Il ne s'en vendit que 98 exemplaires au cours de la première année et si Albert King l'adopta, c'était surtout parce qu'il était gaucher et qu'il s'était vite rendu compte qu'on pouvait en jouer aussi bien à l'envers qu'à l'endroit. En tout cas, avec Lonnie Mack, il fut l'un des premiers à enregistrer en 1962 un disque (The Big Blues) avec une Flying V qu'il appela « Lucy. Après une année de production, le président de la firme Ted McCarty jeta l'éponge en se disant qu'il valait mieux trouver autre chose. Mais plus tard, dans les années 60 marquées par le goût des objets futuristes, le modèle attira l'attention de plusieurs musiciens. Gibson en profita pour améliorer son prototype des années 50 et réactiva sa production en 1967. Et voilà que Jimi Hendrix, un autre gaucher, s'en paya une à l'été 67, exposant la fameuse forme en V sur les scènes du monde entier y compris sur celle du Festival de l'Île de Wight pour une inoubliable version de Red House. « Born under a bad sign » (comme aurait dit Albert King dont c'est la chanson la plus célèbre), la Flying V allait finalement connaître un avenir radieux, notamment au sein d'un genre appelé heavy métal !"


Toots Thielemans jouant sur une Gibson ES-350 Premier

Toots Thielemans jouant sur une Gibson ES-350 Premier Natural dans les années 50 / photographe inconnu

"Quand la firme Gibson reprit sa production après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, elle réalisa en 1947 une version coupée (de forme arrondie dite vénitienne) de son fameux modèle « archtop » E-300 qu'elle baptisa ES-350 Premier. Ce nouveau modèle, fabriqué soit dans une teinte naturelle soit sunburst, ne comportait à l'origine qu'un seul micro (P-90) et un cordier en trapèze tandis qu'elle était protégée par une plaque en plastique noir. La Gibson ES-350 Premier est un instrument rare fort prisé des collectionneurs car il n'a pas été fabriqué à beaucoup d'exemplaires : en 1950 par exemple, seuls 54 unités quittèrent l'usine Gibson de Kalamazoo tandis que sur sa période entière de production, soit de 1947 à 1956, environ 650 guitares seulement furent livrées. En tout cas, Toots Thielemans, qui fut d'abord guitariste avant d'embrasser une carrière exclusivement basée sur l'harmonica, en avait une : un beau modèle ES-350 Premier Natural arboré sur cette photo des années 50 quand il jouait dans le groupe de George Shearing."


Bill Frisell dans les années 80 avec sa Gibson SG

Bill Frisell dans les années 80 avec sa Gibson SG (Photo Ralph Quinice, ECM Records) /
La guitare SG 1971 de Bill Frisell : quand il l'a achetée,
elle était peinte en blanc mais Bill l'a poncée avant de la recouvrir d'un vernis transparent.


"Alors qu’il étudiait à Berklee vers le milieu des années 70, Bill Frisell acheta d’occasion pour 200 US$ une Gibson SG de 1971. C’est elle qu’il emporta quand il se relogea en Belgique au printemps de 1978 suite à une invitation du saxophoniste Steve Houben. Il habitait alors au-dessus d’un bar de jazz à Spa et jouait occasionnellement ici et là. Il y enregistra aussi quelques albums assez confidentiels mais qui sont aujourd’hui devenus des vinyles de collection comme Good Buddies avec Michel Herr (affublée d’une horrible pochette) et Oh Boy avec Mauve Traffic incluant Steve Houben. Il rencontra des musiciens de passage, voyagea pas mal et avait encore plein de temps libre pour composer. Mais son année belge fut aussi une période déterminante dans sa vie : c’est là qu’il rencontra une artiste nommée Carole D’Inverno qui deviendra sa femme une année plus tard et qu’il fit la connaissance de Manfred Eicher qui lui permettra d’enregistrer son premier disque pour ECM : Fluid Rustle avec Eberhard Weber. Quant à la SG, Bill l’emportera avec lui quand il retournera dans le New Jersey au printemps 69. Après quelques ajustements et réparations, il continuera à l’utiliser jusqu’au milieu des années 80 avant d’adopter pour longtemps une guitare électrique à la forme étrange conçue par Steve Klein."


Rory Gallagher et sa Stratocater 1963

Rory Gallagher et sa Stratocater 1963 (photo : Mark Sullivan / Contour)

"Rory Gallagher acheta sa Strat en 1963 et on dit que c'était la première Fender Stratocaster à avoir été importée en Irlande. Elle date de 1961 et avait été commandée pour un autre guitariste qui la refusa car il en voulait une rouge, or c'était une belle Sunburst. Au fil des ans, elle perdit son lustre et sa couleur mais Rory ne s'en sépara jamais durant toute sa carrière : au contraire, elle prit pour lui une valeur sentimentale qui s'accroissait au fur et à mesure des innombrables tournées. Il remplaça bien quelques éléments comme les potentiomètres mais ce fut par pure nécessité. Rory l'aimait tellement qu'il n'a pas manqué de la mettre en vedette sur les pochettes de ses plus fameux albums. Selon Donal, le frère de Rory qui possède aujourd'hui la guitare, si elle si abîmée, c'est parce que Rory avait un groupe sanguin rare responsable s'une sueur très acide qui rongeait peu à peu la laque de l'instrument. Dans le milieu du blues se répandit alors la rumeur que la Strat de Rory sonnait mieux que les Strat neuves justement parce que le bois du corps de l'instrument avait été débarrassé de sa pellicule de nitrocellulose et mis à nu."





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