CD NEWS : les Nouvelles du Disque (1999 - 2000)


Retrouvez sur cette page une sélection des grands compacts, nouveautés ou rééditions, qui font l'actualité. Dans l'abondance des productions actuelles à travers lesquelles il devient de plus en plus difficile de se faufiler, les disques présentés ici ne sont peut-être pas les meilleurs mais, pour des amateurs de jazz et de fusion progressive, ils constituent assurément des compagnons parfaits du plaisir et peuvent illuminer un mois, une année, voire une vie entière.

A noter : les nouveautés en jazz belge font l'objet d'une page spéciale.

Men In Blues
Men In Blues : Listen To Me (LYRAE). Un trio de blouseux bien de chez nous, après s'être rôdé sur des traditionnels, balance un premier disque avec ses propres compositions. Une pincée de Clapton, une autre de Canned Heat, on porte à niveau avec du Stevie Ray Vaughan et le tour est joué. Le son si caractéristique de la Fender Stratoscater, sans doute trafiqué par une pédale bluesy, est à la limite de la saturation, ce qui donne une couleur blues-rock un peu rude qui rappelle les seventies ou la fin des sixties. Cet album conviendra aux nostalgiques du British Blues genre Savoy Brown, Bluesbreakers ou autres Climax Chicago Blues Band.
Au fil des écoutes, je me suis rendu compte que quatre compacts édités en 1999 revenaient de plus en plus souvent sur ma platine. Je vous en livre les références : Open Land (ECM) du guitariste John Abercrombie avec Kenny Wheeler, Joe Lovano, Dan Wall, Adam Nussbaum et Mark Feldman ; Time Is Of The Essence (Verve) de Michael Brecker avec e.a. Pat Metheny, Larry Goldings et Elvin Jones ; Voices In The Night (ECM) de Charles Lloyd avec John Abercrombie, Dave Holland et Billy Higgins ; et After Hours (Go Jazz) du pianiste Bill Carrothers en trio avec Billy Peterson et Kenny Horst. Ces quatre-là seraient-ils en train de réussir la difficile épreuve du temps ?
Les Django d'Or, Trophées Internationaux du Jazz, ont été attribués pour la neuvième année consécutive en mai 2000. Parmi les distingués, on notera Alain Jean-Marie pour son disque Afterblue dans la catégorie Musicien Français de Jazz, Charlie Haden pour The Art Of The Song dans la catégorie Musicien Etranger de Jazz et Jean-Jacques Milteau pour son compact Bastille Blues (l'extraordinaire Kulanjan de Taj Mahal et Toumani Diabaté était aussi nominé dans la catégorie Blues). En jazz vocal, c'est Diana Krall qui remporte sans surprise la palme pour son excellent disque When I look In Your Eyes édité chez Verve.
JAHEL (Jazz Anatomy for Hybridization of Evolutive Language), formation française composée de 6 musiciens, joue un jazz résolument moderne s'inscrivant dans la mouvance d'Aka Moon et de Greetings From Mercury. Basse en avant, batterie sèche, le rythme est un moteur implacable qui propulse les solistes (tp, as, gt et p) au bout de leurs limites. Bien que le bop puisse être évoqué pour qualifier certaines phrases, c'est bien davantage une musique hybride relevant à la fois du jazz, du funk et de la musique improvisée contemporaine dont il est question. Leur premier disque, intitulé Jahel Factory, est une auto-production avec 6 titres composés par le pianiste Alex Opang : il donne un bon aperçu des idées et des qualités du groupe. On attend maintenant avec impatience leur premier vrai compact à paraître très prochainement. JAHEL : un nom à retenir !
La collection Connoisseur de Blue Note, connue des amateurs aussi bien pour la qualité de l'édition que pour la rareté des albums choisis, augmente son catalogue de 6 nouvelles parutions : Taru de Lee Morgan (tp, 1968), My Conception de Sonny Clark (p, 1959 et trois titres de 1957), Complete Communion de Don Cherry (cornet, 1965), Grass Roots d'Andrew Hill (p, 1968), Minor Move de Tina Brooks (ts, 1965) et Vertigo de Jackie McLean (as, 1962 & 1963). Grande musique remastérisée en 24-Bit, pochettes originales et photos d'époque : ces compacts sont des pièces de collection et comme il s'agit, comme toujours avec Connoisseur, d'une édition limitée, ils risquent de disparaître à nouveau prochainement des bacs à disques et qui sait pour combien de temps !
Le quatrième coffret de l'intégrale de Miles chez Columbia, après ceux consacrés aux séances avec Gil Evans, aux sessions Bitches Brew, et à celles du second quintette avec Wayne Shorter et Herbie Hancock, vient de paraître : Miles Davis & John Coltrane : The Complete Columbia Recordings 1955 - 1961 est chroniqué sur la page réservée à Miles Davis.
C. Gomes/Vandoorn/Van Oosten/Van Dam
Si vous aimez les chanteuses de jazz, sachez que le label VIA JAZZ en offre toute une collection. Mutines, suaves, émouvantes, fatales, rayonnantes, mélancoliques …., Il y en a pour tous les goûts. Leur répertoire, que l'on imagine rôdé au fil des concerts dans les clubs de jazz ou dans les salons des grands hôtels, relève souvent d'un jazz très abordable. Interprétation technique sans faille et détour à l'occasion vers la variété, le folk, voire la musique World en sont d'autres signes symptomatiques. Légère comme une fumée de cigarette, cette musique est à consommer de préférence à plusieurs, dans une ambiance feutrée, autour d'un whiskey soda. Intéressé ? Voici ma sélection : Carmen Gomes Inc. : Gazing At The Sun (VIA Jazz / BY 991021), Vandoorn : Four Brothers avec Robin Eubanks et Erwin Vann (VIA Jazz 9920942), Imke Van Oosten : Life Talks (VIA Jazz 9920832) et Lydia Van Dam Groep Quartet : Tribute To Joni Mitchell avec Yuri Honing (VIA Jazz 9920722).
Change Of The Century Orchestra
Change Of The Century Orchestra (J.A.S.). Sunny Murray est le batteur de l'avant-garde libertaire dont il a accompagné tous les chantres, d'Albert Ayler à Archie Shepp et, en matière de batterie, on se souviendra de lui comme celui qui a introduit l'autonomie du rythme conçu comme un tourbillon et un dynamisme en forme de rafale. Sur cet enregistrement réalisé en direct à Berlin en 1987, il est un des leaders d'un orchestre qui comprend aussi notamment Khan Jamal (vibraphone), Byard Lancaster (as), Ted Curson (tp) et Grachan Moncur III (tb). Africa de John Coltrane est la pièce de résistance du disque : une œuvre qui se consume pour renaître à chaque instant, une errance qui court de l'apaisement au tumulte, de la maîtrise de soi à la colère. Face aux forces de la nature qui y sont invoquées, l'auditeur sera confronté à une forme de beauté tellurique à laquelle il n'aura finalement d'autre choix que de se soumettre.
Richard Galliano : Passatori
Richard Galliano & i solisti dell'orchestra della Toscana : Passatori [Dreyfus Jazz FDM 36601-2]. Galliano enregistre pendant trois jours à Florence de la musique dite sérieuse en compagnie des solistes de l'orchestre de Toscane. L'accordéon, qui n'est pas destiné à ne jouer que du musette ou du zydeco, est ici hissé au niveau des instruments de concert. Entre le superbe concerto intitulé Opale, composé par le Français, et le Concerto pour Bandonéon de l'Argentin Astor Piazzolla qui fut et reste son maître à penser, beaucoup d'autres moments d'émotion surgissent de ces thèmes retravaillés à partir d'œuvres populaires. Si vous n'avez pas d'à priori contre l'accordéon ni contre les orchestres à cordes, si vous avez les idées larges et le cœur grand ouvert, alors ce disque est pour vous.
Albert Ayler Trio (Calibre / ESP)
Distribué au Benelux par Via Records, la firme hollandaise Calibre réédite l'intégralité du label historique américain des sixties : ESP-Disk. Les premiers titres édités sont ceux d'Albert Ayler (Spiritual Unity), Pharoah Sanders (Pharoah's First), New York Art Quartet, Byron Allen Trio, Charlie Parker (LivePerformances Vol. 1 et 2) et Billie Holiday (Broadcast Performances 1949 - 1952) et 1953 - 1956). Cliquer ici pour retrouver l'histoire du label ESP.
Victor bailey : Low Blow
Victor Bailey : Low Blow [ESC 03661-2]. Natif de Philadelphie, Victor Bailey s'inscrit en droite ligne dans la grande tradition des bassistes mi-jazzy mi funky qui ont écrit l'histoire musicale de la célèbre cité : Tyrone Browne, Al Johnson, Stanley Clarke, Jamaladeen Tacuma et, surtout, Jaco Pastorius qui semble avoir été sa muse depuis qu'adolescent, il est tombé sous le charme du fameux Continuum et qu'il s'est acharné à en recopier le solo note après note. Citer son parcours discographique (Weather Report, le saxophoniste Bill Evans, le Zawinul Syndicate, Michael Brecker et Lenny White) suffit à définir son style : un jazz rock inspiré à la technique irréprochable et au funk irrésistible. Entouré par des pointures comme Bill Evans, Kenny Garrett, Jim Beard, Dennis Chambers et surtout par le batteur Omar Hakim avec qui il compose une paire rythmique redoutable, ce deuxième album en solo est à la hauteur de ses ambitions affichées : emmener dans le troisième millénaire le flambeau allumé par Stanley Clarke.
The Yuri Honing Trio : Sequel
The Yuri Honing Trio : Sequel [Jazz In Motion Records JIM 9920912]. Pour tenir l'auditeur en haleine pendant tout un CD, il faut des idées et du talent, beaucoup de talent. Des idées, le saxophoniste hollandais Yuri Honing et ses deux comparses en ont à revendre. Le jazz pour eux n'est qu'un moyen de faire passer leurs émotions, de partager une même conception artistique façonnée au long de concerts donnés aux quatre coins du monde, de l'Extrême-Orient au Grand Nord. Il leur arrive de piquer quelques notes à des pop stars comme Sting, Gilbert O'Sullivan ou Roberta Flack mais c'est pour les rendre noyées dans une forêt d'embellissements aux teintes insolites. Rare et languissante, leur musique s'enroule alors autour des mélodies désuètes comme le lierre se fixe sur des ruines antiques. Imaginez une basse capable d'exprimer la nostalgie d'un luth oriental, une batterie féline et insaisissable dans ses variétés percussives, et un saxophone alternant retenue méditative et tourbillons de notes. Le trio de Yuri Honing constitue la progéniture d'un jazz devenu universel. Ce sont les artisans d'une musique sans frontière à l'humanisme contagieux et rassurant sur ce que l'on nous offrira à entendre demain.
Jimi B : Livin' On MarsLivin' On Mars (Go Jazz) est un disque de blues-rock qui nous ramène à la fin des 60s ou au début de 70s. Passent ainsi au fil des plages les ombres du Jimi Hendrix de Crosstown Traffic, de Robin Trower, du Clapton des Bluesbreakers, ou encore celle plus immédiate du Double Trouble de Stevie Ray Vaughan. Mais Jimi B (James Behringer), guitariste et chanteur originaire de Minneapolis, sait intelligemment étendre sa palette sonore, allant jusqu'à emprunter les accents traînants de John Lennon (Beneath Your Sky) ou à se lancer dans la fusion funky comme le Jeff Beck de la période Blow By Blow (Bullet Trane). Et comme il a côtoyé un temps l'univers de Prince, il a appris comment, ici et là, injecter dans sa musique les germes d'un groove infectieux. Ce compact est certes un produit calibré pour la grande consommation mais c'est aussi un fait certain qu'il ne décevra personne.
Pharoah Sanders : Save Our Children
Pharoah Sanders : Save Our Children (Verve), 1998. Ce disque n'a malheureusement à offrir que des mélodies faciles et désincarnées qui au mieux s'inscrivent dans la catégorie des musiques d'ambiance. Ni Bill Laswell, producteur osé à qui l'on doit entre autres le remixage des bandes originales de Miles Davis dans Panthalassa, ni les trois extraordinaires percussionnistes, dont Zakir Hussain et Trilok Gurtu, venus en force colorer les partitions de leurs rythmes exotiques ne peuvent rien y faire. Les thèmes s'éternisent en de longs prologues dont le leader a d'ailleurs toujours été friand. Mais si auparavant, ces introductions servaient à installer une atmosphère mystique propre à faciliter le rejet soudain des tourments intérieurs, aujourd'hui, elles sont devenues une fin en soi : ce ne sont plus que des impasses sinueuses qui ne conduisent nulle part. Etrange disque que la première fois, on écoute religieusement en espérant avec anxiété le souffle libérateur qui viendra tout remettre en question et sauver une fois encore nos âmes égarées et, selon la promesse du pharaon lui-même, celles de nos enfants. Après, quand on sait qu'on a attendu en vain, il faut se faire une raison : cette musique n'a pas d'âme. Reste ce son de saxophone, toujours aussi moite et chaleureux, mais qui prouve finalement qu'en jazz le son, aussi beau soit-il, ne se substituera jamais à l'intensité des émotions.
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